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Culture

18-03-04 S eules les batailles qu'est sûr de perdre ne sont pas livrées Depuis la France, le duo musical tchadien Yalad, a accordé une interview à notre correspondant au Benin par voie électronique.Decouvrez le parcours  et l'idéologie du groupe qui s' appelait Kammykazz 

En 1995 nous avons remarques que notre pays était un peu en retard sur le plan musical. Nous avons décidé avec des amis de créer un espace jeune pour organiser des show culturels et nous avons gagné notre pari avec le premier spectacle play-back au Ministere des Affaires etrangere. Ce fut record d'affluence. Nous avons créé la génération 3R (Rap Ragga Regae) avec le regretté Love Nixon pour promouvoir les jeunes talents tchadiens a travers des concerts. Là encore pari tenu car de génération 3R il y a Yalad, Mawndoe de Yeleen, H'sao, etc … qui tienne la route aujourd'hui. Kamykazz était la première étape de notre but car nous avons décidé de partir à nos risques et périls en Côte d'Ivoire tenter notre chance, après le Festival Jeunesse en musique à N'djamena  où nous avons été  sélectionnés après audition. A ce festival nous avons été meilleure prestation, la Côte d'Ivoire étant la plaque tournante de la musique africaine, nous avons réussi à sortir notre premier album la bas et à nous faire connaître. Après Abidjan, c'est Dakar qui est la troisième capitale mondial du rap et là aussi nous avons marqué d'une pierre blanche notre passage en nous classant deuxième du classement sénégalais derrière Daara J et devant Coumba Gawlo, aussi en obtenant le trophée de meilleur groupe étranger avec le prix de l'intégration au Hip Hop Awards 2003 remis par le Ministre de la Culture avec les félicitations du gouvernement sénégalais et notre clip  « Le cœur et l'âme » a été clip de l'été sur CFI. Notre idéologie est de faire connaître le Tchad par sa culture et nous sommes heureux de constater que dans beaucoup d'endroit où nous passons des gens  découvre le pays dans d'autre dimension que l'éternelle violence. Mais beaucoup reste à faire : nous avons tracé la voie que d'autre suive. 

 Avant la sortie de votre dernier album, votre groupe s'appelait encore Kamykazz. Dites-nous concrètement le motif qui vous a poussé à changer de nom?

Apres le 11 septembre, nous avons décidé de changer de nom et nous avons choisi Yalad à l'image de notre musique naissante. 

 Vous avez quitté Abidjan pour Dakar puis enfin Paris. Mais avant ce périple, vous avez fait un saut sur N'Djaména qui vous a vu naître. Est-ce une manière de repartir aux sources pour pouvoir mieux décoller?
Un proverbe Yoruba dit le but de tout voyage est de rentrer chez soi. 

 Comment justifiez-vous votre séjour parisien, sans oublier votre voyage sur l'Italie?
Apres la sortie de notre album au Burkina, au Sénégal, au Mali, au Niger, entre autre, nous avons décidé de mettre cap sur l'Europe  pour une plus grande reconnaissance. Nous sommes installés à Paris et nous étions en Espagne et en Italie. 0ù des maisons sont intéressées par notre dernier album, nous sommes en discussion. 

 Vous avez entre vos mains un produit d'une qualité exceptionnelle. Cela est-il le fruit de votre expérience en musique ou  le fait d'avoir travaillé avec Didier Awadi et Doug E-Tee du groupe sénégalais P.B.S (Positive Black Soul) qui a donné un peu de poids à ce resultat?

P.B.S. étant les pionniers du rap africain, c'était  un rêve de gosses de travailler avec eux, mais cet album est le fruit du travail de tout le monde. 

 Comment a-t-on accueilli cet album sur le marché musical et à quand le disque d'or comme vous l'avez annoncé dans une de vos chansons?

L'album a été bien accueilli et le disque de platine pour bientôt. 

 Vous étiez invité à prendre part au Fest'Africa édition 2003 qui s'est tenu à N'Djaména au Tchad. Mais au grand désarroi de vos fans, vous ne vous êtes pas présentés. Donnez-nous les raisons de cette absence et quelle vision aviez-vous de ce festival?

Des problèmes d'organisation ont fait que nous n'avons pu prendre part à ce rendez-vous. Nous présentons nos excuses à nos fans, mais, les voies du seigneur étant impénétrables, bien nous en pris car nous étions attendus à l'aéroport de N'djamena par l'ANS et d'après ceux qui nous ont informé, on ne nous voulait pas du bien.

   Votre dernier album est plus engagé que le précédent. Etes-vous désormais engagés à dénoncer les tares qui minent nos sociétés africaines en général et tchadienne en particulier?

Le rôle de toute  personne qui aime son pays est de dire ce qui  ne va pas : «  Darnatalaf  »,  un des titres de notre album, a été censuré au pays. C'est dommage quand on se présente en démocrate, lorsque la belle mère du président envoie des journalistes en prison, qu'on ferme des radios, qu'on saccage des journaux, qu'on tue et qu'on pille à volonté, que seuls le clan au pouvoir et ses valets profite de la république, que le bonus du pétrole serve à acheter des armes pendant que la santé, l'électricité, l'école, l'eau est un luxe. Nous avons assisté en 2001 au meurtre de maxime devant une banque de N'djamena au vu et au su des gendarmes présent et que pour enlever le corps il fallait en plus l'accord des assassins. Disons que  le pays va très très très mal et que le sorcier oublie toujours mais les parents de la victime n'oublie jamais et qu'on ne compte pas sur nous pour le complot du silence.

    Le Tchad vient d'entrer dans l'arène des pays producteurs de pétrole. Vos impressions par rapport à ce changement?

Espérons qu'on sortira des années '50. 

 Votre avis sur l'avenir du Pays, les jeunes et la musique tchadienne?

 L'avenir est dans le combat et les seules batailles qu'on est assuré de perdre sont celles que l'on a pas livrées. 

 Vos contacts avec les artistes tchadiens résidant au pays et ailleurs?

Nous avons des contacts avec certains et d'autres non, mais nous aimerions retrouver la trace de Dounia Danpeur. 

 Quels sont vos projets pour l'année 2004?

Sortie européenne de « Lumière ».
Propos recueillis par Alexis Djimasra

Musicienne tchadienne résidant en Belgique 

Rachel Doumro, nom d’artiste Kami-One, vient du Tchad et vit en Belgique depuis 1975 et fait de la musique depuis « un paquet d’années ». Auteur-compositeur-interprète, elle est passionnée également par l’écriture. Mariée et mère de quatre enfants, Rachel Doumro a fait ses études primaires à l’école du Rond-point et secondaires au collège Sacré-cœur avant de poursuivre ses études supérieures à Genève, Paris et Bruxelles. Rencontrée dans la capitale belge, elle livre dans cette interview une partie de ses idées, ce qu’elle pense mais surtout sa nostalgie du pays et l’amour qu’elle porte pour les Tchadiens. 

Comment êtes-vous arrivée à la musique ?
J’ai écrit un livre qui a fait son chemin, qui a eu un certain succès ici en Belgique. Malheureusement il y avait eu peu d’exemplaires, je n’ai pas pu le rééditer faute de moyens. Mais ceux qui l’ont lu m’avaient conseillé de mettre certains textes sur un support sonore. C’est ce que j’ai fait. On m’a dit que ma voix est grave et convaincante et que j’ai des textes forts. C’est comme ça que, progressivement, je suis arrivée à la musique. 

Quels messages véhiculez-vous dans vos chansons ?
Je parle de ce monde qui ne va pas très bien, ce monde qui est malade, malade de ses contradictions, de ses incohérences. Je me dis que malgré les turbulences, il nous reste une chose, c’est l’espérance. C’est l’espérance qui me fait avancer, qui me fait chanter. L’espérance d’un monde merveilleux.
Il faut savoir que l’homme est capable du pire mais il est capable du meilleur aussi. Alors je pense qu’aujourd’hui nous avons touché le fond. Donc, mathématiquement nous devons remonter à la surface. Allez plus bas, je ne crois pas que l’être humain en soit capable. On a atteint le summum de la bêtise. Tout ce qui reste, c’est de remonter à la surface et pour cela il faut s’accrocher à l’espérance parce sans l’espérance, il n’y a pas de vie. 
Combien d’album avez-vous produit ?
J’ai fait un album qui a été produit à Paris par FCA Production en 2000. Là, il y a un deuxième album qui vient de paraître et qui s’appelle « Osons l’Espoir ». Malgré les turbulences, osons l’espoir parce que je pense que mille choses nous prouve qu’on peut y arriver, qu’il y a moyen d’y arriver. Si on se met tous ensemble, on peut y arriver. 
Malgré que vous chantiez depuis plusieurs années, vous êtes inconnue du public tchadien. Peut-on savoir pourquoi ?
J’ai comme l’impression que c’est le public tchadien qui me boude parce qu’il faut savoir que nul n’est prophète chez lui. Ce qui est chez le voisin est toujours meilleur. Je me rends compte que mes compatriotes qui débarquent à Bruxelles se précipitent chez les disquaires à la Porte Namur (Une station du métro bruxellois où se trouve Matongé, le célèbre quartier des Congolais dans la capitale belge) sur les derniers tubes congolais. Entre parenthèses, j’ai beaucoup de respect pour mes collègues artistes, mais je me dis que si on se précipite sur le dernier Kofi Olomidé ou Zaïko, Doumro aussi tient la route. Mais comme c’est tchadien, ce n’est pas bon. Je ne pense pas que ça soit particulier aux Tchadiens. 

En tant qu’artiste, avez-vous des conseils à donner pour changer cette attitude ?
Ouf ! La seule chose que je peux dire à mes compatriotes, c’est que malgré tout je les aime énormément. Je suis fière d’appartenir au peuple tchadien. Dans mon dernier album, particulière dans la chanson « Welcome to Africa », je remercie le peuple Sao. Je dis que les Tchadiens, c’est un peuple digne même dans la souffrance et de cela je suis consciente et de cela je suis très fière. C’est pour ça que dans toutes mes chansons, je glisse de manière subtile, de manière insoupçonnée le Tchad. D’ailleurs mon groupe s’appelle JADE. J’ai choisi ce mot parce que c’est proche de Tchad. Et ceux qui font partie du groupe s’appellent les Jadiens comme ceux qui peuplent le Tchad sont des Tchadiens.
Je ne sais pas pourquoi les Tchadiens boudent ma musique. Peut-être que ce n’est pas à leur goût mais ce qui me console ce que les étrangers sont ravis de ce que je fais. 

Est-ce que vous avez un projet de concert au Tchad ou en Afrique ?
Mais si on m’invite au pays, je serais partante parce que j’ai déjà eu l’opportunité d’aller faire un récital, un tour de chant en Afrique Centrale mais j’ai décliné de manière polie l’invitation parce pour moi, si je dois me rendre en Afrique, le premier pays que je veux fouler c’est le Tchad. On m’avait demandé de faire partie d’une délégation pour aller dans les Grands Lacs pour une campagne pour la paix parce mes textes sont des textes à message. C’est tout simplement pour ça que je ne suis pas encore descendue dans un pays africain pour faire un concert. 

Qu’est-ce que pensez de la musique tchadienne ?
Je crois que les Tchadiens n’ont pas conscience qu’être artiste n’est pas une tare, ce n’est pas un mauvais sort, une catastrophe. Il n’y a qu’en Afrique de l’ouest qu’on saisi la portée de ce statut. Dans ces régions, je ne dis pas que les artistes sont vénérés, mais ils sont reconnus à leur juste titre. Par contre au Tchad, c’est la catastrophe. Je suis obligé de reconnaître que c’est la galère non seulement pour moi, mais aussi pour tous ces artistes qui sont la nulle part, qui n’ont pas de structure pour eux, qui sont abandonnés à eux-mêmes.
Moi par exemple, j’ai envoyé une copie de mon livre au chef de l’Etat Idriss Déby en 1993 mais je n’ai jamais eu de réponse. Cela fait onze ans. Je ne sais pas s’il l’a reçu ou pas donc je ne peux pas faire de procès. Mais s’il l’a reçu et s’il l’a lu, je suis étonnée qu’il n’ait pas répondu, ce n’est pas possible. La reine des Belges, la reine Fabiola, quand elle a lu mon livre elle a pris un stylo, elle n’a même pas utilisé l’ordinateur, elle m’a écrit en manuscrit et vous l’avez vous-même vérifié (en effet la carte est épinglée dans le salon de l’artiste). Alors je ne comprends pas comment notre président ne répond pas à une femme tchadienne qui prend la plume et qui écrit et qui est en l’occurrence reconnue et saluée par les étrangers. Je ne comprends pas que de N’Djaména on ne me dit rien. Au moins qu’on me dise que c’est pas bien ce que j’ai fait (rires), qu’on me dise au moins quelque chose. Je reste sur ma faim. C’est un mystère que je ne pourrais jamais élucider. Il n’y a que le chef de l’Etat qui pourra un jour me donner la réponse, incha’Allah. 


Pouvez-vous nous dire quelle est la trame de votre livre ?
C’est un coup de gueule mélangé à un coup de cœur et inversement. J’y dénonce l’absurdité humaine, les guerres absurdes, la méchanceté, la haine gratuite parce que c’est la haine qui plonge les pays dans des guerres interminables. Les gens n’ont plus besoin de ça. Nous avons tout pour être heureux, tout pour réussir. Mais il y a des gens qui se sentent obligés de faire le mal pour le mal, c’est-à-dire que pour eux c’est presque comme un besoin. C’est cela qui amène les conflits. Alors j’ai la modeste prétention de proposer autre chose que la haine parce je me dis qu’on a tout essayé : la bêtise, la haine mais il y a une chose que l’on n’a pas beaucoup utilisée, c’est l’Amour, c’est-à-dire voir l’autre comme soi-même, dire que l’autre a le droit de vivre aussi, le droit de s’en sortir aussi. C’est cette philosophie que j’essaye de faire transparaître dans mon ouvrage. Sur l’Amour on n’est pas taxé : il n’y a pas de TVA, pas de douanes, pas de critiques et on en plus on peut en donner tant qu’on peut et ça ne tue pas. La haine tue mais l’Amour ne tue pas. 

Combien de temps avez-vous mis pour l’écrire ?
Quand j’ai commencé à écrire en 1993, c’est aller très vite mais je l’ai porté comme un bébé, pendant neuf mois de gestation. Pendant 30 ans, il y avait des choses que j’ai enfouies, que j’ai gardé en moi. Et puis au bout de 30 ans quand je l’ai sorti dans le livre, quand j’ai fini d’écrire, j’ai été réconciliée d’abord avec moi-même et puis avec la société. 

Avez-vous un projet d’un autre livre ?
Tout le monde me dis : « ou tu as trop dis ou tu n’as pas assez dit. Tu dois écrire encore un deuxième livre ». Je suis d’accord mais je n’ai pas de temps parce la musique me prends beaucoup de temps. Le jour où j’aurais quelqu’un qui pourra interpréter mes textes, en ce moment je me tournerai entièrement vers l’écriture. L’écriture me passionne. Entre la musique et l’écriture, je préfère de loin l’écriture. Je crois que comme chanteuse, ce n’est pas terrible (rires). Il y a des voix plus belles que moi.
Interview réalisée  par Brahim Moussa

Sahibi est mort, vive Raffigui.
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Qui n’a pas entendu parlé du Sahibi? C’est un tout premier journal des jeunes créé au début 90 au Tchad. Deux ans après sa disparition en 95, une autre initiative se fait jour et tente de réincarner ses missions. Tout comme lui, le nouveau journal Raffigui signifie « mon ami » en arabe tchadien. Tous les deux sont confectionnés par des jeunes étudiants. Né à partir de cendre de son grand ami, Raffigui est dirigé par un jeune étudiant passionné du journalisme. Mini Mini Médard, son directeur de publication,  

raconte en exclusivité au Tchadien.com, le parcours de combattant de ce journal qui essaie de s’imposer contre vents et marées dans le paysage de la presse tchadienne.
 Médard : Rafigui presse est un journal fait par des jeunes pour des jeunes. L’idée de sa création est née lors d’un stage organisé par Planète Jeune. Après ce stage, on devrait créer le supplément Planète jeune au Tchad. Il se trouve que l’idée n’a pas pu aller loin parce que le réseau de lecture publique qui devait soutenir l’idée, a lâcher les choses. Pour moi qui étais passionné de la chose, je me dis que c’était une occasion manquée pour apprendre ce que j’aime. Comme depuis la classe de 4e, j’ai déjà proposé la création d’un journal qui s’appelle Horizon, et comme on n’a pas pu faire le supplément Planète Jeune, pourquoi ne pas aller réveiller l’ancien projet. Ainsi, avec des amis, on a décidé la création d’un journal de quatre pages, une sorte de bulletin dans lequel on pourra présenter le Tchad à nos correspondants à l’extérieur. L’idée a été appréciée et comme entre nous, on s’appelait Rafigui, eh bien c’est le nom qu’on a donné au journal. Mais depuis lors Raffigui a aussi un aspect associatif dénommé : association pour la promotion de la communication en milieu jeune.


Tchadien.com : quand est-ce que Raffigui a fait première parution?
Médard  : le premier numéro était sorti en juillet 1997. Il était manuscrit. Le deuxième aussi. Mais les autres numéros ont pu se faire à l’ordinateur parce qu’on avait organisé un concours qui consistait à écrire une lettre à un malade du sida et on avait dit que les deux meilleures lettres seront publiées dans le journal. Et comme les meilleures lettres devaient être publiées, on a profité pour négocier avec les gens qui nous ont aidés à saisir à l’ordinateur. Et voila tout doucement on est allé de la main à l’ordinateur. Et tout doucement Raffigui commençait à être connu comme un journal qui existe. Un jour, nous avons reçu une invitation de l’UNICEF qui lançait une conférence de presse dans le cadre du mouvement mondial en faveur des enfants. Il y est demandé à chaque groupe de personnes présent de faire quelque chose pour la protection des enfants. Et comme nous, tout ce qu’on sait , c’est d’écrire, alors on a décidé de consacrer un numéro pour la cause et de son coté l’UNICEF assurera le financement de l’imprimerie. L’accord nous a été donné et c’est ainsi qu’on a pu sortir notre tout premier numéro à l’imprimerie grâce à l’Unicef. Le numéro a été tiré à 1500 exemplaires. C’était pour nous, la sortie officielle du journal. Alors on a organisé une conférence de presse pour lancer le journal. Toute la presse nationale était la, y compris l’UNICEF. A la sortie de la conférence, le chargé de communication du FNUAP, Toussaint Mbaitou Bam a demandé notre collaboration dans le cadre d’un projet qu’il doit faire pour son organisme. C’est comme ca qu’on a sorti un numéro imprimé et en couleur sur la sexualité. Présentement, on est entrain de préparer avec l’UNICEF la sortie d’un autre numéro pour la fin de ce mois de juin, dans le cadre de la journée de l’enfant africain. Et puis en collaboration avec FESTAFRICA, un festival littéraire africain, on en a prévu la sortie de deux autres en octobre et novembre prochain.


Tchadien.com  : combien de numéros avez-vous pu sortir jusqu’ à cette date?
Médard  : nous sommes à notre 12e numéro. Le 13e va bientôt sortir et va porter sur la protection des enfants. les gens savent maintenant qu’on existe et on est appelé à toutes les rencontres des journalistes.


Tchadien.com  : c’est-ce pas que c’est difficile de publier un journal?
Médard  : la première grosse difficulté est financière. Nous n’avons de moyens que notre volonté. Cette volonté se manifeste par le fait que les membres n’hésitent pas à cotiser, à se déplacer, à se torturer pour que le journal sorte sans rien demander. Quand on a un bouclage, chacun vient avec le peu qu’il a. On cotise pour manger. On ne demande d’argent à personne. On le fait parce qu’on aime bien.
Alors la grosse difficulté, je l’ai dit, c’est la question de financement. Maintenant qu’on est déjà allé à l’imprimerie. On ne peut plus reculer. Et maintenant qu’il ne faut plus reculer, il faut pouvoir tenir le coup. Nous n’avons aucun fonds de roulement. Sachant que l’argent de vente ne fait jamais la moitié de l’argent qui est dépensé pour l’imprimerie, cela fait qu’on ne progresse pas rapidement. Voila la première grande difficulté.
La deuxième grande difficulté est d’ordre professionnel. Parmi nous, personne n’a suivi une formation en journalisme. Heureusement qu’on essaie de combler ce vide par des sessions de formation que nous organisons. Nous faisons, par exemple, appelle à un professionnel de la communication. Nous faisons cotiser ceux qui sont intéressés par la formation et nous la suivons pendant deux ou trois semaines. Nous en avons déjà organisé trois. Franchement, il faut reconnaître que ce qu’on a pu donner à nos formateurs est très insignifiant par rapport à ce qu’ils ont accepté de nous donner. Nous en sommes très reconnaissants pour eux.


Tchadien.com : quel est le public cible de Raffigui?
Médard  : des jeunes qui peuvent lire. C’est un journal culturel et socio-éducatif. On veut apporter notre contribution à l’éducation des jeunes.


Tchadien.com  : est-ce un choix de ne pas aborder les questions politiques?
Médard  : on ne veut pas toucher à la chose politique parce que si on le fait, on aura fait la même chose que les autres journaux qui existent déjà. Et si c’est le cas, pourquoi accepté de se torturer, pourquoi ne pas aller simplement intégrer ces journaux-là Alors notre différence est qu’on ne touchera pas à la chose politique, on ne touchera pas à la chose qui va créer polémique, on ne touchera pas à la chose religieuse pour nous compliquer la vie. Nous, on veut s’auto-éduquer. Éduquer les gens qui peuvent nous éduquer aussi.


Tchadien.com  : comment est-il accueilli, Raffigui?
Médard  : le grand plaisir qu’on a, c’est que lorsque le journal sort, il ne dure pas. Les jeunes se l’arrachent. Maintenant on a peur de mettre sa plaque devant notre siège, cela tout simplement à cause du fait que les gens viennent nous embêter pour le prochain numéro. Et même en France, Raffigui a été bien accueilli. Le numéro 12 qui portait sur la sexualité sortait au moment où je partais en France pour une rencontre des jeunes en mars de l’année dernière. J’avais pris cent exemplaires pour y distribuer. La réaction en Europe m’a vraiment étonné. Ils étaient tous vendus en une semaine! On était bien content. On reçoit plein de courriers, de coup de téléphone en provenance d’Europe.


Tchadien.com : qui sont les membres du comité de rédaction du Raffigui?
Médard  : son comité de rédaction est composé de jeunes étudiants. à côte de nos études, on se retrouve chaque samedi et dimanche soir pour le journal.


Tchadien.com  : où se trouve le siège du journal?
Médard  : à Chagoua. Nous avons la chance d’avoir une organisation du nom PROSE(Action pour la promotion du secteur économique) qui nous accueille. Son responsable m’a vu un jour faire la mise en page de Raffigui à Waliya. Ce jour-là, il a plu, et la manière dont il m’a vu protéger le journal que j’avais en main, l’a vraiment séduit et il a dit que dés qu’il aura quelque chose, il me ferait signe. Quand il a créé son organisation, il nous a aussitôt appelés . De plus, il ne nous demande rien pour la salle qu’on utilise samedi et dimanche


Tchadien.com  : recevez vous de publicités?
Médard  : non. Malgré que journal soit aimé par les jeunes, il nous est difficile de trouver de publicité. Une fois, CELTEL, une compagnie de téléphone mobile au Tchad, chez laquelle nous avions demandé la publicité nous a clairement dit que les jeunes ne peuvent pas acheter des appareils. Alors est-ce que c’est vraiment utile de faire une publicité dans Raffigui.


Tchadien.com : quel est l’avenir de ce journal?
Médard  : on a un mot qu’on aime dire chez nous « quelque soit les situations, on refuse de mourir ». Si on devait accepter de mourir, il y a longtemps qu’on allait laisser tomber cela. Nous, on croit à ce qu’on fait. On sait que cela ne paie pas. Mes parents me l’ont souvent répété : « cette histoire-là, ca ne t’ amène nulle part. Tu as repris ta 2e année à l’université parce que tu t’es plus préoccupé par ton journal… Tu galères pour rien … ». Et c’est vrai que si je ne faisais pas ce journal, j’aurais peut être eu la chance d’aller enseigner en français quelque part et avoir un peu d’argent. Mais si on se torture jusqu'à ce niveau, c’est parce qu’on croit à ce qu’on fait. Et l’avenir de ce journal dépend plus de ceux qui nous écoutent. Si un jour quelqu’un arrive à voir avec un regard positif ce qu’on fait, Raffigui va s’imposer.


Tchadien.com  : comment faites-vous pour la distribution du journal?
Médard : comme on est nombreux, on se distribue des exemplaires et on les vend (rire). Et c’est plus facile en tout cas, surtout quand on vend ce qu’on aime (rire)…
Tchadien.com : quels sont les points de distribution de Raffigui?
Médard : généralement dans les établissements scolaires et les centres culturels.
Interview réalisée par Moustapha Malloumi

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