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Adoum Younoussi, ministre d'Etat tchadien à Sidwaya: “ Il n'y a pas de crise au Tchad… ”
( Sidwaya 30/12/2005)

Les accusations portées par le Tchad contre le Soudan. La politique intérieure et extérieure du régime Déby. Le pétrole et l'argent du pétrole tchadien... Quel état des lieux, à l'heure où le président Idriss Déby fait face à une rébellion, forte du ralliement de certains de ses proches, qui menacent de le destituer ? A travers une interview exclusive accordée à Sidwaya lors de l'investiture du président du Faso, à Ouagadougou, M. Adoum Younoussi, ministre d'Etat, ministre des Infrastructures de la République du Tchad lève un coin du voile sur «ces interrogations...». Il commence par nous dire ce qui a motivé la présence d'une délégation tchadienne représentant le président Déby à l'investiture de Blaise Compaoré le 20 décembre 2005.

M. Adoum Younoussi (A.Y.) : Les deux chefs d'Etat entretiennent depuis plusieurs années des relations très intenses et les deux pays ont également des relations séculaires. Il était donc normal que le président Idriss Déby qui est “ empêché ”, en raison d'un calendrier chargé, puisse se faire représenter à l'investiture de son “ frère Compaoré ” .

Les relations politiques entre le Burkina Faso et le Tchad sont excellentes. Nous avons même érigé notre consulat de Ouagadougou en ambassade. Cela démontre la qualité des relations qui existent entre nos deux pays.

S. : Vous avez parlé de “ calendrier chargé ” qui a empêché le président Idriss Déby d'être présent à l'investiture de “ son frère Compaoré ” ; ne serait-ce pas plutôt la rébellion à laquelle il fait face qui l'a empêché de se rendre au Burkina ?

A.Y. : Il faut relativiser la portée de cette rébellion (...). Effectivement, nous avons un problème sécuritaire à la frontière Est de notre pays , depuis plusieurs années, avec la crise du Darfour. Cette donne a entre autres comme conséquence l'afflux de quelque trois cent mille (300 000) Soudanais au Tchad.

“ Dans la Constitution tchadienne, il n'est nulle part prévue une délégation de pouvoir à un fils. Le Tchad, je le répète, n'est pas une monarchie. ”

Notre pays étant le principal médiateur dans cette crise qui mine le Soudan, le chef de l'Etat est effectivement très pris par la mise en œuvre des stratégies adoptées par la communauté internationale pour sortir le Soudan du bourbier. D'autant plus que la région du Darfour devient de plus en plus un «no man's land». Malheureusement, au moment où nous travaillons à éteindre cette crise au Soudan, ce pays a initié et entretient actuellement une rébellion tchadienne pour s'en prendre à notre pays. Toute chose que nous condamnons vigoureusement, étant donné que dans la crise du Darfour qui mine le Soudan, nous avons travaillé à sortir ce pays de plusieurs situations sécuritaires dramatiques. Voilà pourquoi, nous estimons que notre pays est payé en monnaie de singe par son voisin (…).

Nous ne comprenons pas les motivations du Soudan, à armer des dissidents tchadiens...

Nous avons été attaqué par des forces de plus de six cents (600) personnes, puissamment armées par le Soudan, avec 50 véhicules neufs.

Il se trouve fort heureusement que nous sommes respectueux des textes internationaux, que nous sommes respectueux des relations de bon voisinage qui ont toujours existé entre le Soudan et le Tchad. Mais si la communauté internationale ne prend pas ses responsabilités, nous serons obligé de nous défendre vis-à-vis de ceux qui arment les “ ennemis du Tchad ”. Autrement, nous ne comprenons pas l'attitude du Soudan et nous pensons que nous avons à faire plus au Soudan qu'à une rébellion tchadienne.

S. : Auriez-vous réellement des éléments de preuve contre le Soudan ?

A.Y. : Evidemment. Déjà dans le cadre de ces attaques du 18 décembre, nous avons fait des prisonniers que nous avons du reste présentés à la presse. Il y a des éléments armés soudanais, des encadreurs militaires soudanais que nous avons arrêtés. Nous avons en notre possession, des photos officielles montrant que le président El Béchir a reçu des responsables de la rébellion dans son palais de Khartoum. Nous avons aussi des photos qui montrent que des éléments de l'armée soudanaise entraînent régulièrement des rebelles, d'autres documents tenant lieux de preuve sont aux mains de nos services secrets... Nous avons par ailleurs une panoplie de preuves irréfutables sur les ingérences soudanaises dans les affaires intérieures tchadiennes.

S. : Comment comptez-vous trouver solution à cette implication supposée du Soudan dans la crise de la frontière soudano- tchadienne ?

A.Y. : Pour l'instant, nous faisons de la diplomatie, mais nous allons tôt ou tard, si l'agression dont nous sommes victime persiste, user de notre droit de poursuite pour pouvoir traquer les bases de la rébellion, qu'elles soient au Tchad ou sur le sol soudanais. Nous en avons les moyens et les possibilités. Le Tchad ne souhaite pas être un Etat belliqueux. C'est la raison pour laquelle nous souhaitons d'abord utiliser des voies diplomatiques pour que tous les pays africains rappellent à l'ordre le Soudan, pays qui compte d'ailleurs organiser le prochain sommet de l'Union africaine.

L'un des principes cardinaux de l'Union africaine n'est-il pas fondé sur le respect de l'intégrité des autres Etats ? Pour sûr, nous allons nous battre pour que le Soudan soit condamné puis forcé à désarmer “ ses rebelles anti-tchadiens ”. Chaque fois qu'une rébellion soudanaise franchit notre territoire nous l'avons désarmée, remis ses armes et matériels aux autorités soudanaises, rendu les rebelles au HCR. Cela a été fait plusieurs fois. Nous ne comprenons pas que le Soudan, qui a ses propres problèmes de sécurité intérieure à gérer, puisse s'ingérer dans nos affaires au point de vouloir nous déstabiliser.

S. : Pensez-vous que vos pairs de l'Union africaine, voire des Nations unies vous suivront dans cette volonté de condamner le Soudan ?

A.Y. : En tout cas, l'histoire a montré que c'est le Tchad qui s'est opposé à toute condamnation du génocide, de l'épuration ethnique au Soudan pour la simple et bonne raison que nous pensions que ce n'était pas une solution de condamner un pays, de le mettre sous embargo. Le président Déby a personnellement fait le tour du monde pour expliquer que c'est un problème qu'on peut résoudre au niveau africain, entre pays voisins. Le président Déby s'est impliqué corps et âme dans cette affaire et comme vous le savez, il a failli même perdre sa vie à cause de cette crise (…). Inacceptable, inexplicable est donc l'agression actuelle dont les institutions républicaines tchadiennes font l'objet.

S. : Ne serait-ce pas trop facile de crier à l'envahisseur en accusant le Soudan, alors que la crise politico-militaire en cours dans votre pays apparaît comme la résultante d'une mal gouvernance interne ?

A.Y. : Cela, c'est vous qui le dites ! Le Tchad n'a pas de problèmes internes ! Ce que vous appelez “ problème interne ”, est en fait une désertion de quelques éléments de l'armée nationale depuis le mois d'avril. Ceux-ci sont en fait en déphasage avec la nécessaire refondation de l'armée tchadienne engagée par notre chef d'Etat, afin de donner à tous les tchadiens, une armée forte de son engagement à servir la République et non à se servir de la République. Certains officiers et sous-officiers nostalgiques des Etats d'exceptions et de leurs pratiques ne sont pas d'accord avec cette évolution démocratique de notre armée. Ils ont donc cru bon de déserter les rangs de l'armée, au profit de petites rébellions. Ils sont encouragés en cela par ceux qui ne veulent pas d'un Etat de droit démocratique comme le projette le processus en cours au Tchad, à leur frontière.

S. : Comment expliquez-vous alors que, ce que vous voulez présenter comme une agression externe, ait l'appui de certains membres influents de la famille du président Déby ; ses deux neveux par exemple ?

A.Y. : Non (…) ! Il n'y a pas de proches du président qui ont rejoint la rébellion. Le chef de l'Etat étant un président démocratiquement élu du Tchad, si deux individus ou trois individus qui se sentaient proches de lui ou qui ont occupé de hautes fonctions à un moment donné de l'Histoire de notre pays s'en vont, il n'y a pas à pâlir pour cela. Sachez qu'au Tchad, la présidence d'une République, ce n'est pas une affaire de famille ; c'est plutôt la gestion démocratique d'un Etat. Et dans un Etat, il peut y avoir des parents, d'un chef d'Etat, compétents pour occuper des postes de responsabilités, comme tout autre Tchadien ! Cela ne confère nullement à notre pays, “ un caractère dynastique ”. On ne peut pas considérer le départ de parents d'un homme politique de la légalité républicaine, comme fondement d'une crise interne dans la gestion de la République. Idriss Déby est un président qui a été élu démocratiquement par deux fois et je crois que les règles de l'Etat de droit démocratique n'ont rien de familiales (…).

S. : Est-ce alors la bataille pour le contrôle du pouvoir de l'après Déby qui a commencé à travers cette rébellion, ces désertions d'officiels ?

A.Y. : Ecoutez, si ceux qui se disent être proches du président et qui aujourd'hui se retrouvent de l'autre côté pensent que c'est un contrôle du pouvoir ou que c'est une façon de se positionner pour un après Déby, c'est leur droit, mais le Tchad est un Etat démocratique.

Le président Déby est une personne, donc il est mortel comme tout autre personne, il va à un moment donner, laisser le pouvoir mais il le fera dans le cadre des institutions de l'Etat. C'est frapper à une très mauvaise porte que de croire que la conquête du pouvoir d'Etat tchadien se fait ou peut se faire en dehors de nos règles constitutionnelles.

S. : Le débat en cours sur la gestion de la manne financière provenant des revenues du pétrole tchadien n'est-il pas également en rapport avec la crise actuelle dans votre pays ?

A.Y. : Certains ont toujours affirmé que l'exploitation du pétrole en Afrique est source de malédictions, mais je ne pense pas que ce soit le cas pour le Tchad. Vous êtes certainement au courant qu'une loi sur la gestion des revenus pétroliers est en cours de modification. C'est une loi qui a été initiée par le Tchad, votée par notre Assemblée. Certaines organisations, comme la Banque mondiale, s'y opposent parce que nous supprimons ce qu'on appelle les fonds des générations futures. Mais qui d'autre que les Tchadiens savent mieux que le bien-être des futures générations sera la résultante de celui des générations d'aujourd'hui ? La crise actuelle n'a donc rien de pétrolier. Du reste, le pétrole tchadien est bien géré.

S. : Mais pourquoi vous rendez vous compte subitement de cela au moment où il y a une crise qui s'engage à vos frontières ?

A.Y. : (L'air tendu...) Non ! Non ! Non ! Je vous dis clairement que le processus qui a été engagé pour la révision date de plus d'une année et respecte les règles de droit en la matière : consultations techniques, consultations de la société civile, consultations des corps de l'Etat, etc.

C'est donc un processus qui date de plus d'un an. Dès son adoption, une grande frange de la population ne l'avait d'ailleurs pas acceptée parce qu'elle estime que si le Tchad a du pétrole, ses populations doivent en bénéficier dès aujourd'hui. Tout souverain, le Tchad loin de se soucier d'une rébellion ou de pressions quelconques a décidé de modifier cette loi, conformément aux attentes, aux droits à plus de bien-être de notre peuple.

S. : Les revenus mis à la disposition de l'Etat du Tchad, par cette nouvelle loi ne vont-ils pas servir aux achats d'armes pour lutter contre la rébellion plutôt qu'aux tchadiens d'en bas pour vivre mieux ?

A.Y. : Cet argument a été développé par nos détracteurs qui sont à court d'arguments. D'ailleurs, les comptes du collège de gestion, de contrôle des revenus pétroliers sont sur internet. Tout l'argent qui est venu au Tchad dans le cadre des ressources pétrolières, son utilisation sont sur le net. Nous avons une gestion très transparente et même trop transparente. Nous faisons montre, tous les jours, de transparence à ce niveau-là. Et cela, sans que personne ne nous y oblige. Les investissements issus du pétrole sont visibles. Rien que pour les routes, nous avons en deux ans construit trois cents (300) kilomètres de routes sur les revenus pétroliers. Dans les autres secteurs de réduction de la pauvreté, nous construisons des centres de santé, des écoles... Il est évident qu'aujourd'hui les résultats sont là et c'est ce qui gène un peu nos détracteurs, qu'ils soient des rebelles ou pas.

S. : M. le ministre d'Etat, on a l'habitude de dire que la transparence amène tous les détracteurs à la soupière mais on constate que pour ce qui concerne votre cas, malgré la transparence, il y a toujours des détracteurs, une situation de non confiance. C'est ce que peut expliquer cette situation ?

A. Y. : Nous, nous sommes très sereins au niveau du gouvernement, pour la bonne gestion de notre pays. Et puis, sur cette question, soyons un peu sérieux :

comment comprendre que des Tchadiens qui hier s'opposaient au principe même de l'exploitation du pétrole sous prétexte de considérations environnementales puissent aujourd'hui se muer en donneur de leçons, en défenseurs ardus de la bonne gestion du pétrole ? Il y a là assurément de la mauvaise foi et personne n'est dupe : l'on comprend que ces Tchadiens sont certainement en mal de publicité, en mal de popularité ! Non, je crois qu'on fait un procès d'intention au gouvernement tchadien.

S. : Pourtant, le pétrole tchadien, de sources bien informée, est mal vendu ; le gouvernement tchadien, ne recevant que des miettes parce que pris dans le piège d'un mauvais contrat de mise en œuvre du processus d'extraction du pétrole ?

A.Y. : Ce n'est pas qu'il est mal vendu ! Il est vendu au cours international du marché. Mais, il faut reconnaître que nous avons deux problèmes. D'abord celui lié à la basse qualité du brut tchadien. Chaque fois qu'on le met sur le marché par rapport au brut de référence, il y a une décote entre notre brut et celui-ci. Deuxième difficulté, nous sommes un pays enclavé, un oléoduc de 1070 km relie le champ de pétrole au port de Kribie au Cameroun.

C'est un investissement de 3,7 milliards de dollars. Le plus gros investissement jamais réalisé en Afrique subsaharienne. Pour avoir l'appui des bailleurs de fonds, nous avons dû pour un départ, faire certaines concessions pour les rassurer d'investir dans notre pays, considéré par certains comme un Etat à risque.

C'est vrai, certains Tchadiens ne comprennent pas aujourd'hui qu'on ait seulement 12,5 % des revenues de notre pétrole ? Mais sachez qu'au final, notre pays sortira gagnant après ces quelques premières, années mises à profit pour apurer les dettes contractées pour mettre en marche l'exploitation de notre pétrole.

S. : Pour revenir aux problèmes politiques du Tchad, qu'est-ce qui explique le référendum récemment organisé quand on sait que le président Déby veut modifier la Constitution ?

A.Y. : Le président de la République n'a jamais demandé la modification de la Constitution. Ce sont les Tchadiens qui l'ont voulu avec la volonté que cela se fasse à travers les règles de l'Etat de droit. En décidant de permettre par là au président Déby de solliciter le suffrage universel de ses compatriotes, nos compatriotes veulent démocratiquement s'assurer qu'il ait la possibilité d'achever les nombreux chantiers en cours de réalisation pour le bien-être de tous les Tchadiens. Le Tchad n'est pas le seul pays à ne pas limiter le mandat présidentiel. Nous avons décidé souverainement de modifier la nôtre et c'est le peuple souverain en dernier ressort, qui a tranché.

S. : Oui, mais cela est-il bon pour la démocratie ?

A.Y. : Là aussi les gens sont libres en démocratie de dire ce qu'ils pensent, ce qu'ils veulent. En démocratie, c'est la loi de la majorité par les urnes. Nous jouons le jeu à ce niveau et le président de la République est élu démocratiquement. Il appartient à tous les Tchadiens qui jouissent de leurs droits politiques de se présenter et de le battre, s'ils ont un meilleur projet à proposer à notre peuple.

S. : La révision de cette Constitution à un moment où le président serait malade ne viserait-elle pas plutôt à “ imposer ” le fils de Déby comme si on était dans une monarchie ?

A.Y. : Dans la Constitution tchadienne, il n'est nulle part prévue une délégation de pouvoir à un fils. Notre pays, je le répète, n'est pas une monarchie. Le président n'est pas malade.

Il est un homme comme tout autre et peut avoir par moment, ses petites faiblesses en matière de santé. Rien de plus. En ce qui concerne vos allusions relatives à son fils, je vous informe que dans la Constitution tchadienne, il est dit qu'en cas de vacance du pouvoir, c'est le président de l'Assemblée nationale qui assure l'intérim et qui organise les élections. Son fils n'est ni député encore moins président de l'Assemblée nationale. Il n y a donc pas à dire que le président prépare son fils... Ce sont là des procès d'intention.

S. : Auriez-vous foi en l'avenir de la démocratie tchadienne ?

A.Y. : Absolument, mais pas seulement en l'avenir de la démocratie tchadienne, mais j'ai foi en l'avenir de l'Afrique, foi en la jeunesse africaine.

Interview exclusive réalisée
par El Hadj Ibrahiman SAKANDE
ibra.sak@caramail.com

29-08-05

Assemblée Nationale Unité-Travail-Progrès
Assemblée Nationale
Groupe Parlementaire Fédération
N°031/AN/GPF/05

N'Djaména, le 22 août 2005

Monsieur le Premier Ministre,

A N'djaména

Objet : Interpellation à propos des détournements de 14,2 milliards de F CFA du fonds pétrolier.

En complément de notre interpellation à vous adressée en date du 18 avril 2005 par mes soins, sous le numéro 0016/AN/GPF/05 relative au détournement de 2,5 milliards de F CFA du fonds pétrolier pour le financement du référendum (en annexe),

J'ai l'honneur de vous demander de bien vouloir confirmer ou infirmer les informations selon lesquelles votre gouvernement s'apprête à régulariser, par des artifices et montages financiers, le détournement de 14,2 milliards de F CFA du fonds pétrolier opéré peu avant le referendum.

Aussi, en permettant aux membres de la famille du chef de l'Etat de piller les ressources de l'Etat, pourquoi vous plaindre de la tension de trésorerie ?

Comme vous le savez, les frères et sœurs du chef de l'Etat se partagent les postes des Douanes. Ainsi, par exemple son petit frère et l'une de ses sœurs saignent le poste des douanes de Nguéli tandis qu'une autre prend possession et contrôle des postes des douanes de l'aéroport de N'Djaména.

Toutes les brigades mobiles des douanes sont entre les mains d'une autre parente. Celle-ci n'hésite pas à tenir au respect les agents des douanes par des armes de guerre soit sur l'axe Nguéli-N'Djaména soit au marché du mil si ces agents osent l'intercepter à bord des véhicules de fraudes.

Est-il besoin de vous rappeler également que les autres parents et membres du clan du chef de l'Etat écument systématiquement tous les postes des douanes et les régies sur l'ensemble du territoire.

A ce saignement des recettes douanières et régies des recettes s'ajoute le détournement systématique du budget et des aides extérieures.

Toutes ces pratiques d'enrichissement illicite seront davantage encouragées par votre ancien secrétaire d'Etat aux Finances promu tout dernièrement Ministre de l'Economie et des Finances, qui n'est autre que le fils de l'une des sœurs du chef de l'Etat, lequel, fort du soutien de son oncle, n'hésite pas à chasser, comme un malpropre, son ancien Ministre enclin à s'opposer à la mise en place par lui de la toile d'araignée et des sangsues qui prennent d'assaut ces postes des douanes et des régies de recettes.

Pendant ce temps, soumis à la diète noire, les fonctionnaires, les retraités et les députés, pris au piège, rongent leurs freins au milieu des cris de famine de leurs épouses et progénitures.

A quand la mise en œuvre de votre programme de lutte contre les gâchis, le saignement des ressources de l'Etat que vous avez promis lors de votre investiture par l'Assemblée Nationale ?

Le Député Fédéraliste Ngarlejy YORONGAR

29-08-05 Une lettre a' Mr.le Ministre d'Etat de l'Education :

  De prime abord toutes mes félicitations Mr. le Ministre d'Etat de l'Education , Mr.Avocksouma Djona pour la création de ce nouveau ministère dont vous etes le premier a' occuper ce poste. Espérons que cette initiative puisse enfin aider nos enseignants a' être reconnus par leurs justes valeurs.

Comme je n'en possède pas de votre courrier électronique; qu'il me soit permis de vous rédiger cette minuscule lettre par le biais de l'internet. Il se pourrait que ce message soit lu par tout le monde mais comme c'est une déclaration publique je crois que ça ne pose pas de problème.

Bref l'Education fait partie des bases de développement d'un pays. Si nous voulons vraiment aider le Tchad a' franchir cette barrière de pauvreté et retard, il nous faudra investir beaucoup sur ce domaine. Actuellement l'Education au Tchad est a' genoux . Il faut un travail acharné voire une sacrifice pour qu'elle soit debout .

Comme tout homme instruit peut le constater, et comme le révèle trop éloquemment la baisse de niveaux de la plupart des étudiants tchadiens a' l'intérieur du pays comme au diaspora, notre système d'éducation est extrêmement faible . Il faut coûte que coûte un changement de système. Veuillez regrouper, Mr. le ministre, tous les " cerveaux " sous votre direction pour demander des suggestions auprès d'eux. En pouvant faire cela' nous sommes certains que vous allez trouver des propositions ou suggestions nécessaires. Bien sur, ce n'est pas possible de changer tout un système en un " coup de baguette magique ". Mais a' force de chercher des solutions a' un problème, on finit toujours par les trouver.

Personnellement je propose deux choses: De 1, un peu de changement dans notre système éducatif comme je l'ai mentionné ci-dessus. De 2 , l'augmentation de salaire des enseignants. Cette dernière proposition est primordiale! Si l'enseignant(e) est content(e) de ce qu'il gagne comme salaire, il pourrait passer ses connaissances a' l'élève avec plaisir et fierté. Chez nous, étrangement, on dirait que ceux qui s'occupent des humains ( les enseignants surtout ) sont sous-payés , et ceux qui s'occupent d'autres choses font d'excellents salaires. Par exemple, un pompier a' l'Asecna du Tchad fait autour de 300.000fcfa par mois . Un douanier "Bogobogo" ou un policier fait (par corruption ou autre moyen) presque 15.000fcfa dans la journée au "Pont Guelli" ou a' l'Aéroport de Ndjamena. De simples protocoles (dans certains ministères) font un peu plus de 250.000fcfa mensuellement. etc... Ce qui choque le plus dans toutes ces histoires c'est la position de nos députés . Normalement ces derniers sont votés par le peuple pour défendre l'intérêt du peuple. Au lieu de grever pour le droit de nos enseignants ou pour d'autres raisons valables malheureusement on entend dernièrement que nos faibles députés entament une grève pour leurs propres arriérés de salaires. Ces mêmes députés roulent sur des voitures qui coûtent trop chères. En outre ils font d'excellent salaire. Par contre nos enseignants, ceux qui devraient mériter un bon salaire sont tout le temps mal payés. Bref pour s'occuper de nos petits frères et de nos enfants, les enseignants mérites d'être reconnus a' leur juste valeur.

  Comptant que vous agirez, Mr.le Ministre d'Etat de l'éducation, au plus tôt possible a' cette crise qui affecte nos maîtres, maîtresses et professeurs depuis toujours, je vous prie d'agréer mes souhaits distingués.

C'est bien Mahadjir.fils depuis l'Amérique du Nord.

N'Djamena signe la paix avec le MDJT
Afrique centrale Infos - Un accord de paix entre le gouvernement tchadien et la rébellion du Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (MDJT) a été signé jeudi à Yebbi-bou, fief du MDJT dans le massif du Tibesti (nord du Tchad), a annoncé le ministre tchadien de la Communication dans un communiqué.

L'accord a été signé au nom du MDJT par son président, le colonel Hassan Abdallah Mardigué et au nom du gouvernement tchadien par le ministre des Mines et de l'Energie, Youssouf Abbassalah, en présence d'un représentant de l'ambassade de France à N'Djamena, Jean-Pierre Alluard, selon le communiqué du ministre de la Communication Hourmadji Moussa Doumgor.
Il "prévoit un cessez-le-feu immédiat, la suspension de toute action militaire, la réintégration des éléments du MDJT au sein de l'armée nationale tchadienne (...), la réintégration des cadres du MDJT dans l'administration, la libération des prisonniers dans les deux camps", a précisé une source proche de la présidence.
"L'accord qui prévoit également le déminage par le gouvernement des zones minées par le MDJT, reste ouvert aux mouvements politico-militaires alliés au MDJT encore en opposition", a ajouté cette source sous le couvert de l'anonymat.  

"C'est un accord global comprenant 12 articles qui créé les conditions d'une paix durable", a indiqué par téléphone satellitaire, "le secrétaire des relations extérieures du MDJT", Brahim Chouma, qui a assisté à la signature de l'accord.
"Maintenant que nos revendications sont acceptées par le gouvernement tchadien, nous renonçons à la lutte armée", a indiqué M. Brahim Chouma, précisant que cette signature avait été précédée par une rencontre officielle en juillet dernier.

L'accord prévoit également, selon lui, "une amnistie générale des militants et sympathisants du MDJT (...) et la participation du MDJT dans les affaires de l'Etat à tous les niveaux".
Aux termes de l'accord, le MDJT, qui selon lui compte "plusieurs centaines d'hommes", "renonce à la lutte armée comme moyen d'expression et se transforme en parti politique".
Créé en 1998, le MDJT a constitué la principale menace pour le régime du président tchadien Idriss Deby jusqu'à la mort de son fondateur Youssouf Togoïmi en 2002 qui a accentué les divisions en son sein et l'a considérablement affaibli.
Le leadership d'Hassan Mardigué avait récemment été remis en cause par un fidèle de l'ex-président tchadien Goukouni Weddeye, Aboubakar Choua Dazi, qui avait affirmé en janvier avoir été élu président du MDJT, ce qu'avait contesté la faction fidèle à M. Mardigué.

M. Choua Dazi, joint par téléphone satellitaire, a indiqué à l'AFP rejeter "catégoriquement" cet accord qui selon lui n'engage pas le MDJT. Le mouvement "existe toujours et continue son combat jusqu'à une solution globale au Tchad", a-t-il précisé.
Affirmant disposer d'un millier d'hommes, il a qualifié la signature de l'accord de "ralliement" de M. Mardigué, "sorti" du MDJT, au régime du président tchadien Idriss Deby.
Disposant d'environ 1.500 hommes à son apogée en 2000, le MDJT ne disposait plus récemment que d'environ 200 hommes selon des observateurs et n'a plus mené d'action militaire d'envergure depuis la mort de M. Togoïmi.

En 2004, le MDJT avait de nouveau fait parler de lui en capturant dans son fief montagneux et reculé du Tibesti, dans l'extrême nord tchadien, plusieurs islamistes du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien, dont son numéro 2, l'algérien Amari Saïfi, dit Abderrezak "le Para".

TCHAD:   LES COMPLICES DE HISSEIN HABRÉ ENFIN ÉCARTÉS

Le gouvernement tchadien  renvoie de l'appareil sécuritaire de l'État six collaborateurs de l'ancien dictateur

(New York - 12 août 2005)  Six  complices  de l'ancien dictateur du Tchad, Hissein Habré, ont été, cette semaine, démis de leurs fonctions au sein de l'appareil sécuritaire de l'État.

Cette décision  survient un mois après la publication du rapport de Human Rights Watch 'Tchad: les victimes de Hissene Habré toujours en attente de Justice' qui dénonçait que  ces 6 personnes et 35 autres complices d'Habré, pour la plupart accusés d'actes de torture et d'assassinats, occupaient toujours des postes de responsabilités au Tchad.

Parmi les personnes remplacées  figurent notamment l'influent directeur de la Police Judiciaire qui occupait sous Habré le poste de Directeur adjoint de la Sécurité Nationale, également un chef de la surveillance d'une préfecture qui était alors le directeur de la police politique de Habré, la Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS), et un officier identifié dès 1992 par une Commission d'enquête comme l'un des «tortionnaires les plus redoutés » du Tchad. Il semble, en outre, que cette vague de révocations n'est  pas terminée  et que d'autres révocations  seraient attendues.

Habré, qui a fui le Tchad le 1er décembre 1990, a été par la suite inculpé en 2000 au Sénégal de complicité de crimes contre l'humanité, d'actes de torture et de barbarie . Cependant, les tribunaux sénégalais ont estimé que l'ex-dictateur ne pouvait pas être jugé au Sénégal, le pays d'exil d'Habré pour des crimes commis au Tchad. Ce dernier fait aujourd'hui l'objet de chefs d'accusations similaires en Belgique où un juge poursuit son enquête laquelle devrait aboutir à une demande d'extradition.

Human Rights Watch se félicite  d'apprendre la destitution de ces anciens tortionnaires et encourage le gouvernement à mettre tous les moyens en 'uvre afin que les poursuites pénales contre les agents du régime Habré aboutissent enfin. Les plaintes déposées par les victimes devant les tribunaux tchadiensà l'encontre de ces responsables piétinent toujours du fait que le juge
d'instruction ne bénéficie ni de moyens financiers suffisants ni de conditions de sécurité appropriées lui permettant de mener  son enquête.

Human Rights Watch renouvelle ses appels au gouvernement tchadien quant à l'indemnisation des victimes de Habré et à la mise en 'uvre des recommandations proposées dès 1992 par la Commission d'enquête du Ministère tchadien de la justice sur les crimes de Hissein Habré suggérant d'ériger un monument à  la mémoire des victimes du régime Habre et de transformer en musée les anciens locaux  de la DDS et la prisons souterraine de « La Piscine ».

« La destitution de plusieurs subordonnés et complices de Habré est une avancée considérable dans le sens de la justice », s'est réjouit Reed Brody de Human Rights Watch. « Le gouvernement tchadien doit maintenant continuer son action et soutenir les poursuites judiciaires à leur encontre et assurer enfin la reconnaissance et l'indemnisation financière des victimes de
Habré. »

L'ancien ministre tchadien de la Communication, Barthelemy Natoingar Mbainodji, qui s'était exprimé le 12 juillet dernier sur RFI Afrique Soir et BBC Afrique suite à la publication du rapport de Human Rights Watch, avait souligné à cet égard que « l'indemnisation et l'érection des monumentsà la mémoire des victimes des crimes et répressions politiques sous le
régime de l'ancien président Hissein Habré sont les meilleurs veux du gouvernement tchadien' et qu'il souhaitait que de telles mesures soient prises le plus rapidement possible. Il a également réitéré la promesse du Président Idriss Deby de retirer 'tous les obstacles venant du Tchad ou de l'étranger susceptibles d'entraver notre quête commune de la justice. »

Au rang des anciens responsables et agents de la DDS, cités dans le rapport de Human Rights Watch et qui viennent de faire l'objet de mesures de révocation , figurent:

-    Mahamat Wakaye  Directeur adjoint de la Surete Nationale sous Habré, il occupait il y a une semaine encore le poste de Directeur de la Police Judiciaire. Wakaye a été jugé mais relaxé en 2003 pour la tentative d'assassinat contre Maître Jacqueline Moudeina, l'avocate des victimes de Habré dans le dossier de plainte déposées au Tchad contre Wakaye et
d'anciens agents du régime Habré.


-    Ahmat Allatchi, Directeur de la DDS sous Habré,   limogé de son poste de chef de la Surveillance du Territoire du Chari/Baguirmi.


-   Warou Ali Fodou, chef de la Sécurité Fluviale de la DDS sous Habré, limogé de son  poste de commandant adjoint du Corps Urbain de Adré. La Commission d'enquête décrit Warou Ali Fodou comme l'un des « tortionnaires les plus redoutés » du Tchad  et «dirigeant personnellement les opérations de massacres ».


-    Gamar Daouro, Chef adjoint du service de Contre-Espionnage de la DDS sous Habré,   limogé de  son poste de chef du service d'Exploitation des étrangers de la Police Nationale.

-    Nodjina Jérôme , Chef adjoint du service « Recherches » et Officier de Sécurité de la DDS sous Habré,  limogé de son poste de Commandant Principal Corps Urbain a Moundou. Selon la Commission d'Enquête, Nodjinan Jérôme faisait partie de la commission chargée de l'arrestation des membres de l'ethnie Zaghawa en 1989.

-   Ali Noukouri, Chef de service de la Sécurité Intérieure de la DDS sous Habré,  limogé de son poste de Commandant de Police de la ville de Doba.



Résumé de l'affaire Hissein Habré

Hissene Habré dirigea l'ancienne colonie française du Tchad de 1982 jusqu'à son renversement en 1990 par l'actuel président Idriss Déby et sa fuite vers le Sénégal. Son régime  de parti unique, marqué par l'étendue de ses atrocités, fut soutenu par la France et les Etats-Unis. Une commission d'enquête nationale accusa le régime de Hissene Habré de plus de 40,000 assassinats politiques et de tortures systématiques. Les s de la DDS, découvertes par Human Rights Watch, contiennent les noms
d'au moins 12.321 victimes et apportent  des preuves sur les cas de 1.208 individus morts en détention.

En février 2000, Hissene Habré fut inculpé au Sénégal pour complicité de crimes contre l'humanité, d'actes de torture et de barbarie  mais la Cour de Cassation sénégalaise a juge que ce dossier ne relevait pas de sa compétence
territoriale. Les victimes de Hissein Habré ont alors déposé une plainte en Belgique sur le fondement de la loi belge dite « de compétence universelle » qui est maintenant abrogée et le Sénégal a accepté de faire droit a la demande des Nations Unies consistant à maintenir Hissein Habre sur son territoire dans l'attente d'une demande d'extradition. Un juge belge et
une équipe de police se sont rendus au Tchad en 2002. Ils ont pu y questionner les victimes de Hissein Habre et de ses complices. Ils ont visité d'anciennes prisions et ont eu accès aux s de la terrible police politique de Hissein Habré. Le traitement du dossier n'a pas été affecté par l'abrogation de la loi belge dite « de compétence universelle » parce que d'une part l'instruction avait déjà commencée et d'autre part plusieurs plaignants étaient de nationalité belge. Le juge belge poursuit son instruction et l'inculpation et l'extradition de Hissene Habre vers la Belgique restent la suite logique et espérée de cette affaire.

Plus d'informations sur le dossier Hissein Habré sont disponibles à
l'adresse suivante :
http://www.hrw.org/justice/habre



A New York, Reed Brody (Human Rights Watch): + 1-212-216-1206 (anglais,
francais, espagnol, portugais)
A New York, Souleymane Guengueng (AVCRP): + 1-646-541-7450
A N'Djaména, Tchad, Ismael Hachim Abdallah (AVCRP): + 235-29-99-02
A N'Djaména, Tchad, Jacqueline Moudeïna (ATPDH): +235-27-09-92

Lettre ouverte à SEM Jacques Chirac, Président de la République Française

N'Djaména, le 20 juillet 2005

A Son Excellence, Monsieur Jacques Chirac, Président de la République Française

2, Rue de l'Elysée,75008 Paris France

Objet : L'Ambassadeur de France au Tchad, M. Jean-Pierre Berçot, instrumentalise la justice tchadienne ; criminalise la presse privée, la société civile et les hommes politiques tchadiens; arrête, jette en prison, juge et condamne les journalistes, MM. Garondé Djarma, âgé de 67 ans, à 3 ans de prison ferme, Samory Ngaradoumbé à 3 mois de prison ferme et bientôt Michael Didama et Mme Sy Koumbo Singa Gali à de lourdes peines requise par le parquet.

Excellence, Monsieur le Président,

Permettez-nous d'écrire à votre Excellence pour dénoncer le scandaleux comportement de M. Jean-Pierre Berçot, Ambassadeur de France au Tchad.

En effet, M. Jean-Pierre Berçot dit à qui veut bien l'entendre qu'il est venu au Tchad pour tordre le cou aux opposants politiques au régime de M. Idriss Déby, les journalistes récalcitrants et les leaders de la société civile indociles. Tel un Gouverneur du Tchad des années 50, il n'hésite pas à se vanter d'avoir mis sur table d'écoute certains hommes politiques comme M. le Député Fédéraliste Ngarlejy Yorongar, Coordinateur Exécutif Fédéral de FAR/PARTI FEDERATION, des médias comme M. Michael Didama, Directeur de Publication du journal, Le Temps, et les leaders de la société civile comme Assingar Dobian, Vice-président de la Fédération internationale des Droits de l'Homme (FIDH).

Pour joindre l'acte à la parole, il refuse systématiquement le visa à tous ceux et à toutes celles, qui sont dans son collimateur. Aujourd'hui, il saute le pas comme le prouvent les propos qu'il a tenus à sa résidence devant ses invités, le 14 juillet 2005, jour anniversaire de la déclaration des libertés et des Droits de l'Homme, propos reproduits dans la présente.

Excellence, Monsieur le Président,

1)- Le 1 er juin 2005, une lettre ouverte adressée par M. Elidja Kogourou Yoskomi à M. idriss Déby, chef de l'Etat au nom de la communauté Kréda qui vivait dans la région de Moussoro (Kanem) est publiée dans le journal, L'Observateur n°332 (annexe 1) .

Alors qu'il était à Péni (Koumra) aux obsèques de sa sœur, M. Samory Ngaroumbé, coordinateur de la rédaction du journal, L'Observateur, qui n'a même pas assisté à la conférence de rédaction qui a décidé de publier cette lettre ouverte par laquelle M. Elidja Kogourou Yoskomi, au nom de cette communauté, exige et obtient pourtant la libération de ses membres arrêtés jetés en prison par l'ANS, M. Samory Ngaradoumbé, disons-nous, est enlevé et jeté dans les geôles de l'ANS, la redoutable police politique.

2)- Le 15 juin 2005, pour avoir écrit un article dans le même journal, L'Observateur n°334 du 15 juin 2005 en vue de dénoncer la transformation par la CENI puis par le conseil constitutionnel de NON largement majoritaire (85%) en OUI qui n'a obtenu que 15%, Garondé Djarma, El Hadj Garondé Djarma journaliste indépendant est kidnappé devant une pharmacie où il attendait d'être soigné et jeté dans les geôles de l'ANS comme Samory Ngaroumbé quelques jours plus tôt ( annexe 2 ). La réalité est que M. Idriss Déby croit dur comme fer que El Hadj Garondé Djarma se sert du référendum pour adresser ses condoléances, par anticipation, à son fils Brahim. Il croit, en effet, que la dérision de Garondé n'est pas fortuite puisque l'article est publié curieusement la veille de son départ en France pour se faire soigner à l'hôpital américain de Neuilly. On comprend pourquoi le responsable de l'ANS – police politique, dit à El Hadj Garondé Djarma que ce n'est pas le moment d'écrire de tels articles.

3)- Le 13 juillet 2005, la publication de la lettre ouverte adressée à M. Djékonbé François BP 4296, téléphone 216716, djekonbefr@yahoo.fr à SEM Jean-Pierre Berçot, Ambassadeur de France au Tchad dans le journal, L'observateur n° n°338, fait perdre la tête à celui-ci comme le prouvent les propos qu'il a tenus devant parterre de diplomates et un microcosme politique de N'Djaména en ce jour mémorable du 14 juillet (annexe 3) .

Excellence, Monsieur le Président,

En lisant les propos de M. Jean-Pierre Berçot reproduis ci-après, vous comprendrez aisément pourquoi, les tchadiens n'hésitent pas à dire que c'est sur injonction conjointe du chef de l'Etat, M. Idriss Déby, et de l'Ambassadeur de France au Tchad, M. Jean-Pierre Berçot, qu'est lancée la machine à broyer contre les journalistes que sont El Hadj Garondé Djarma, Samory Ngaradoumbé, Michael Didama et Mme Sy Koumbo Singa Gali.

4)- Quant au cas spécifique de M. Michael Didama, Directeur de Publication du journal, Le Temps, il y a lieu de relever qu'il est arrêté et jeté en prison pour avoir pris au mot le gouvernement tchadien qui accuse ouvertement le gouvernement soudanais d'avoir créé, équipé et entraîné la rébellion tchadienne à la frontière Tchad-Soudan, en envoyant un de ses journalistes sur le terrain aux fins de vérifier les faits. Ledit envoyé spécial, M. Maxwell N. Loalngar, rapporte des photos qui confirment les accusations du gouvernement tchadien. La publication successive de ces photos dans le journal, Le temps n°433 et 435 respectivement du 11 au 17 mai 2005 et du 18 au 24 mai 2005 est considérée par M. Jean-Pierre Berçot comme étant une incitation à la haine raciale ( annexe 4 et 5 ). Tout comme il considère les massacres des femmes, hommes et enfants perpétrés à Ouadi Hamra par la milice d'Idriss Déby dénommée pompeusement l'armée nationale tchadienne (ANT) comme étant une incitation à la haine raciale ( annexe 6 ) etc. La plainte dressée par le Secrétaire général du gouvernement en date du 27 mai 2005 est ressortie du tiroir, signée et envoyée précipitamment au parquet pour faire bonne mesure sinon les mauvaises allaient s'insurger contre le pratique de deux poids, deux mesures. D'ailleurs le Secrétaire général du gouvernement n'a pas qualité pour ester en justice en lieu et place de l'individu qu'est M. Idriss Déby dans le cas d'espèce.

5)- Comme le pauvre Samory Ngaradoumbé, il faut envoyer également Mme Sy Koumbo Singa Gali, Directrice de Publication de L'Observateur jusqu'ici épargnée par la police et le parquet pour des raisons de santé comme le dirait l'avocat des parties civiles. En effet, Mme Sy Koumbo Singa Gali est poursuivie par le parquet à propos de l'interview qu'a accordée El Hadj Garondé Djarma à sa sortie de prison ce 4 juillet 2005, interview publiée par le journal, L'observateur n°338 du 13 juillet 2005 (annexe 7) .

Excellence, Monsieur le Président,

Le 14 juillet 2005, jour anniversaire de la prise de la Bastille et de la proclamation des Droits et libertés de l'Homme en France, M. Jean-Pierre Berçot , se livre à un véritable réquisitoire digne d'un procureur de la République contre la presse tchadienne.

Pour preuve, voici l'extrait de ce réquisitoire prononcé par le Procureur de la République, M. Jean-Pierre Berçot, Ambassadeur de France au Tchad, quatre jours avant les condamnations de El Hadji Garondé djarma âgé de 67 ans à trois (3) ans de prison ferme et de M. Samory Ngaradoumbé à trois (3) mois de prison ferme.

A en juger par le ton et la teneur de ce réquisitoire:

«… Monsieur le Ministre d'Etat, mes chers amis, laissez-moi évoquer un sujet important : il s'agit de la liberté de la presse et de la déontologie des journalistes.

La France, depuis toujours, est un pays ardent défenseur de la liberté de la presse ; en témoignent les appuis financiers de l'union européenne en général et la France en particulier…

Mais si la France est là pour défendre la liberté de la presse, elle ne saurait cautionner les déviances d'une certaine presse et le manque d'éthique de certains journalistes, ou ceux qui se prétendent l'être.

- Oui, la France soutient et soutiendra une presse d'investigation et non pas une presse manipulatrice qui confond faits et commentaires ;

- Oui, la France soutient et soutiendra une presse libre et indépendante et non pas une presse partisane ou inféodée à certains intérêts particuliers ;

- Oui, la France soutient et soutiendra une presse honnête et sincère et non pas une presse raciste, qui exacerbe le communautarisme et dresse les groupes ethniques les uns contre les autres à l'intérieur du Tchad ;

Oui, la France soutient et soutiendra une presse qui respecte les droits de l'homme et non pas une presse qui désigne à la vindicte populaire d'honnêtes citoyens tchadiens présentés comme traîtres à leur ethnie, en les qualifiant de façon humiliante de «Laokoura» ;

- Oui, la France soutient et soutiendra une presse qui respect la dignité nationale tchadienne et non pas une presse qui cherche à salir, par tous les moyens, l'image extérieure du Tchad et des Tchadiens

Cependant, il faut souligner que les médias ont pour mission de sensibiliser et d'informer la population, pas de la manipuler et encore moins d'instiller la haine raciale ou d'encourager les conflits ethniques internes.

Monsieur le Ministre d'Etat, je ne souhaitais pas, aujourd'hui, prononcer un discours long, exhaustif, fastidieux et convenu. La qualité de nos relations bilatérales est telle que, qu'elle me permet d'être bref, concis et sincère ; aussi, avant que nous n'écoutions les hymnes nationaux, je vous réitère la volonté de mon pays d'apporter tout son soutien au développement du vôtre et je tiens à adresser au peuple tchadien le fraternel salut de la France …»

Sans commentaires.

Tel un bourreau qui donne le couteau à son adjoint en lui disant de couper la tête de ses victimes.

C'est dommage, Excellence, Monsieur le président , que l'Ambassadeur Jean-Pierre Berçot et tant d'autres n'aient rien compris de cette Afrique en pleine mutation. Cette Afrique qui aspire à la paix, à la liberté et à la démocratie, trois valeurs universelles, inscrites en lettres d'or dans la déclaration des Droits de l'Homme de 1789, fêtée ce jour, 14 juillet 2005, à N'Djaména par M. Jean-Pierre Berçot, Ambassadeur de France au Tchad, qui s'autoproclame Procureur de la République pour prononcer ce réquisitoire digne d'un autre siècle.

C'est dommage que ces Ambassadeurs ne vous aident pas à appréhender les sources des conflits fratricides qui secouent l'Afrique depuis plusieurs décennies.

C'est dommage que ces Ambassadeurs passent le clair de leur temps à infantiliser les Africains au lieu de les considérer comme des adultes dotés d'un sens de discernement, d'appréciation et de réflexion comme eux.

C'est dommage que ces Ambassadeurs ne tirent pas leçon du phénomène anti-français qui, de plus en plus, va développant et gagnant les pays d'Afrique francophone.

C'est dommage enfin que ces Ambassadeurs se comportent comme en territoire conquis comme dans les années de plomb d'avant l'indépendance.

Excellence, Monsieur le Président,

Nous avons l'honneur de vous demander d'user de votre autorité pour faire libérer ces prisonniers.

Oui, Excellence, Monsieur le Président , nous vous prions de bien vouloir faire libérer, s'il vous plaît, les prisonniers de M. Jean-Pierre Berçot que sont :

- El Hadj Garondé Djarma âgé de 67 ans traînant avec lui la tension artérielle chronique est condamné à trois (3) ans de prison ferme et un million (1.000.000) Francs CFA d'amende,

- M. Samory Ngaradoumbé écope trois mois de prison ferme et cent mille (100.000) Francs d'amende.

Oui, Excellence, Monsieur le Président , nous vous informons que d'ici le 1 er août 2005, le Directeur de Publication du journal, Le Temps, M. Michael Didama, et la directrice de publication du journal, L'Observateur, Mme Koumbo Singa Gali dont la santé inquiète suivront les autres dans le cachot insalubre de N'Djaména.

El Hadj Garondé Djarma, toujours lui, sera condamné de nouveau pour une nouvelle infraction non constituée. L'acharnement sur ce dernier n'a-t-il pas pour objectif de le faire mourir en prison ' En effet, la mort éventuelle d'un de ces prisonniers sera entièrement imputée à Monsieur le Procureur de la République Jean-Pierre Berçot.

Oui, Excellence, Monsieur le Président , tous ces prisonniers de M. Jean-Pierre Berçot sont condamnés alors que leur poursuite est purement et simplement annulée aux termes des dispositions de l'article 61 de la loi n°029/PR/94 du 22 novembre 1994 relative au régime de presse.

Veuillez agréer, Excellence, Monsieur le Président , l'assurance de notre haute considération.

Ampliations à: M. le Premier Ministre Français, M. le Ministre Français des Affaires Etrangères, M. le Président de l'Assemblée Nationale Française, M. le Président du Sénat Français, Conseiller à la Présidence de la République Chargé des Affaires Africaines, SEM. Jean-Pierre Berçot, Ambassadeur de France au Tchad.

Noms et prénoms
Qualité
Signature

Ngarlejy Yorongar

Hermann Yaméogo

Babikir Ismail

Député Fédéraliste, Tchad

Président de l'UNDD, Burkina-Faso,

Secrétaire général du FNTR (Front national du Tchad Rénové), France

Annexe 1

De même, ci-dessous, la lettre ouverte de la communauté kréda à Idriss Déby qu'a publié le journal, L'Observateur» sous le n° 332 du 1 er juin 2005 , , lettre ouverte qui a conduit Samory Ngaroumbé en prison alors qu'il se trouvait à Péni (Mandoul) pour le décès de sa sœur quand cette lettre est publiée:

«LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE»

«Mesdames, Messieurs, chefs des partis politiques et responsables d'associations de la société civile, dirigeants des mosquées et Eglises, chefs des missions diplomatiques accrédités au Tchad et représentants des organisations non gouvernementales (ONG).

En tant que dirigeants des nobles institutions dont celles qui ont des programmes avec le gouvernement axés en grande partie sur la bonne gouvernance, la réduction de la pauvreté, la santé et l'éducation qui ne sont elles-mêmes possibles avec la paix sociale, conditions sine qua none de tout développement, il n'est donc pas superflu de vous informer de cette situation qui prévaut actuellement et qui pourrait dégénérer si rien n'est fait. Il s'agit ici de vous prendre à témoin car nous fils de la région du Kanem voudrions vous aviser si vous nous permettez que nous adressions une lettre au Président de la République à propos des arrestations ces derniers jours de certains de nos frères.

A ce Président qui a l'habitude de dire devant vous qu'il fait une politique constante de la main tendue à cet homme qui se veut médiateur dans les différentes crises qui secouent l'Afrique, nous demandons alors en vous prenant comme témoin la libération pure et simple de ces jeunes qui nous sont très chers.

Ne dit-on pas qu'un homme averti en vaut deux ' Monsieur le Président de la République, nous les fils du Kanem, militants du MPS, RDP, MPDT, d'AL-DJAMAA, et bien d'autres qui sont indépendants, en fait une centaine de personnes, pour la plupart des jeunes avaient décidé après réflexion de vous adresser unanimement cette lettre afin que vous libériez purement et simplement nos frères. Et c'est en prenant à témoin l'opinion nationale et internationale.

Il faut remarquer ici que tous ces gens qui ne partageaient pas auparavant les mêmes opinions politiques se réunissent aujourd'hui pour prendre une décision comme celle-là, c'est que l'affaire dépasse le cadre des partis politiques. D'abord nous vous rappelons que depuis 1982, nous sommes tour à tour utilisés par le régime Habré et le vôtre à chaque fois que le besoin se fait sentir et une fois le devoir accompli nous sommes très souvent jetés dans les oubliettes alors que nous avons toujours tant bien que mal été aux côtés des forces dites légalistes pour défendre les institutions dites aussi légales. La preuve en est que le Kanem a voté lors des différentes élections (de 1996 à 2002) pour le MPS à plus de 98% !

Les résultats se trouvent à la CENI pour celui voudrait les vérifier. Aujourd'hui, à l'heure où nos jeunes frères croupissent dans des cellules restreintes et puantes ; torturés pour avoir des aveux, extorqués, à l'heure où nos parents sont menacés et rançonnés par les tenant du pouvoir, à l'heure où nos sœurs refusent de manger et continuent de pleurer tout en nous demandant de faire des efforts pour la libération de leurs frères si chers, certains parmi nous drapés dans des étendards MPS, éhontés tapant le tambour jovialement tels des griots demandant aux populations du Kanem de voter OUI à 100% pour vous réélire à vie !

Mais nous au contraire demandons aux populations, aux militants et militantes et tous les partis politiques cités haut de voter NON tant que nos frères ne seront pas libérés. Bien avant cela, nous avons été utilisés pour combattre l'arme à la main nos frères du MDD de Moussa Medela ou Brahim Mallah. Nous sommes envoyés tantôt comme chaire à canon dans le Tibesti contre le MDJT tantôt comme mercenaires à vil prix dans le pays des grands lacs ou en RCA et malgré les difficultés nous avons toujours honoré le pays dont vous M. le Président. Le paradoxe est qu'au retour des guerres ou des élections à l'issu desquels le régime en place est sorti victorieux ce sont plutôt les autres qui se voient gradés dans l'armée ou à des postes qu'on appelle juteux !

Ceux-là sont-ils plus courageux ou plus déterminés que nous '

Ici c'est ce qu'on nomme politique de la vache. Ca veut dire que nous devrons maîtriser la vache par ses cornes afin que les autres viennent avec leurs tasses traire le lait et s'en aller boire avec leurs enfants sans nous dire même le simple merci en nous laissant béats d'étonnement alors que nos enfants à la maison meurent de faim. C'est ce qu'on appelle ici exploitation de l'homme par l'homme. Aujourd'hui, personne ne peut douter que la police soit majoritairement constituée des fils du BET et d'une partie de Biltine, c'est-à-dire la sous-préfecture d'Iriba ; Idem pour les agents des eaux et forets et les douaniers tout comme tous les hauts gradés de l'armée et ceux qui y occupent des postes importants sont exclusivement du BET et d'Iriba. De notre côté nous nous posons des questions de savoir si c'est par leur bravoure qu'ils arrivent à obtenir toutes ces distinctions. En plus de cela, certains postes dans l'administration publique et parapubliques sont «haram» pour les autres. C'est le cas des directions générales de la douane, du trésor, du BNF, de la représentation de l'ASECNA, des préfectures ou gouvernorats de la région du Logone Occidentale etc.

Mais malgré tout nous n'avons jamais pris les armes pour revendiquer un droit quelconque. Nous avons toujours été pacifistes plutôt que de gagner notre pain en s'asseyant sur les tombeaux des autres Tchadiens. Nous nous consacrons à d'autres activités que nous trouvons plus nobles comme l'élevage, l'agriculture et le commerce. Mais les gens ne nous laissent pas vaquer tranquillement à nos activités. Peut-être que ceux qui n'ont pas le sens de la religion, ceux qui sont bornés par nature dans leur pensée assimileraient cette attitude paisible à une faiblesse.

Mais il faut qu'ils comprennent le fait qu'on ne crée pas des rebellions pour des intérêts égoïstes et mesquins qu'on ne fait pas la guerre pour des causes injustes n'est pas synonyme de faiblesse ou d'inconscience ni de couardise mais tout simplement parce que nous n'avons pas d'une part des idées aussi mesquines que celles de perturber la paix sociale et d'autre part nous sommes très attachés à la religion (nous rappelons ici que le Kanem fut la première région au Tchad à avoir embrassé l'Islam vers le 11è siècle après Mohammed bien entendu car le Coran, le guide sacré de tous les musulmans interdit formellement dans bon nombre de ses « sourates » le fait de verser le sang sur cette terre sans une cause juste et sacrée.

Dieu dit entre autre dans ce verset : « Quiconque tue intentionnellement un croyant, sa rétribution alors sera l'enfer pour y demeurer éternellement. Allah l'a frappé de sa colère, l'a maudit et lui a préparé un énorme châtiment ». Le Coran sourate-4 verset 93. Nous avons certes enduré des situations difficiles car beaucoup de frères ont été froidement assassinés, beaucoup ont été l'objet de braquages à main armée, beaucoup ont vu leurs biens confisqués, mais nous avons toujours su gérer ces situations difficiles au profit de la paix sociale. Seulement maintenant nous sommes arrivés à une phase où les choses sont devenues difficiles à supporter dans la mesure où M. le Président vos parents qu'on nomme «les intouchables» ont dépassé les limites de ce qui est acceptable ; En enlevant, violentant, violant nos filles, épouses et sœurs avant de les jeter comme des objets usés !

C'est insupportable car ils touchent à notre honneur et à notre dignité.

Nous, que certains prenaient pour des faibles, des inconscients ou des couards, par ce qu'agissant avec sagesse, sommes très sensibles à ce « bouton » qu'ils ont touché puisque nous ne laisserons pas nos filles entre les griffes des fauves pour être dévorées alors qu'elles nous appellent au secours ! En touchant ce « bouton », ils nous assimilent aux femmes, nous humilient à l'extrême ! Donc, dites-leur, Monsieur le Président de ne pas toucher à ça, car ce serait une manière de jeter l'étincelle dans la poudre.

Monsieur le Président, supposons que la situation contraire se produise, c'est-à- dire que ce soit nous qui provoquons vos parents, par exemple en tuant leurs frères, en enlevant leurs filles ou en confisquant leurs biens, qu'est ce qui allait se passer ' Et quelles serait la situation du Kanem aujourd'hui' Resterait-elle une région paisible pour nous '

Car ce n'est pas la première fois qu'un groupe d'homme se rebelle contre le régime. Est-ce qu'ils ont fait pire que vos frères qui ont pris les armes ou se sont retirés à maintes reprises, tantôt dans les grottes de l'Ennedi, tantôt au Tibesti et qui, après négociations et ralliements, se sont vus attribuer des grades et postes « juteux » ' Est-ce que cela dépasse le cas de vos frères qui ont fomenté un coup d'Etat le 16 mai 2004 et dont personne parmi eux n'a fait l'objet d'arrestation et de torture '

Donc, à vous Monsieur Le Président qui avez l'habitude de dire lors des grandes occasions, devant l'union africaine ou l'ONU, que vous avez toujours la main tendue pour la paix, de respecter votre engagement en libérant ces jeunes garçons qui nous sont très chers. Vous avez alors le devoir de faire preuve de sagesse pour éteindre le feu que vos parents ont provoqué en jetant l'étincelle dans la poudre.

Car en les retenant en prison, les torturant et en continuant d'arrêter d'autres innocents, car certains ont été arrêtés en pleine campagne pour la fameux MPS, vous oubliez tout ce que le Kanem vous a fait comme bien ; vous balayez par ailleurs, tout ce que vous avez fait pour la recherche de la paix d'un revers de la main, aux yeux de la communauté internationale. Monsieur le Président, dans des situations pareilles, tout ce qui compte, c'est la sagesse ; car vous devrez mettre de côté toutes les idées de ceux qui transportent des mensonges pour leur ventre, ceux qui voudraient à cette occasion régler des comptes, ou affaiblir économiquement nos parents et ceux qui sont, parmi nous-mêmes, des traîtres qui veulent se nourrir en s'asseyant sur les tombeaux de nos frères. Ces derniers ont été et sont les opprobres du kanem. Ce sont ceux-là qui sont des lâches, et qui ont pris fuite en laissant derrière eux nos filles entre les griffes de ces fauves qui les ont dévorées. Les mères de ces filles nous ont envoyé un message depuis le Kanem pour dire qu'elles crachent sur le visage de ces traîtres et jurent de ne leur jamais donner d'autres filles.

Monsieur le Président, vous devriez bien comprendre que nous ne sommes pas de connivence avec les jeunes insurgés mais en écrivant cette lettre, nous sommes unanimes ; de Salal à Rig-Rig en passant par Moussoro et Michémiré, tel un corps pour le faire ; car quand un membre du corps souffre, c'est le corps tout entier qui souffre ; une partie faisant appel à l'autre à cause de l'insomnie ou de la fièvre. Nous voudrions encore prendre à témoin la communauté nationale et internationale à travers les partis politiques, les associations de la société civile, les mosquées et églises, les missions diplomatiques accréditées au Tchad, les ONG pour vous demander de confirmer votre politique de la main tendue en libérant ces jeunes qui sont arrêtés dans la foulée.

Monsieur le Président, c'est en quelque sorte une épreuve que vous subissez devant tout ce monde cité ci-haut et par-là, on comprendra si votre politique est vraiment celle de la paix ou c'est de la pure hypocrisie.

Merci pour la sagesse !

Pour l'ensemble, l'Etudiant politique

Le martyr Elidja Kogorou Yoskomiu

Annexe 2

Voici, le banal article de M. Garondé Djarma  publié dans le journal, L'Observateur n°334 du 15 juin 2005, article qui l'a conduit en prison :

<< Kalawa Abou Brahim : Alcharac chal dabi>>

«La date du 6 juin 2005 est une date très fatidique pour le pouvoir MPS. Une gifle plus un coup de pied ont été administrés à notre ID national et aux «Moimadngar» qui dansent au son de son tam-tam. Deby très déçu par le résultat référendaire, selon son entourage, «bichabi tadjir dayane leya tarchane ho imi begoursa». Traduit dans la langue de Molière, ce dicton signifie : Deby ressemble à un commerçant qui a prêté son argent à un sourd et qui, avant le remboursement de cette somme, est devenu aveugle. ID est aujourd'hui dans la danse et ne sait sur quel pied danser. Du Nord au sud du pays il s'est fait entourer des individus sans base ethnique et appartenant pour la plupart à des tribus serves sans audience politique et voilà le résultat. Tout ce qui reste à Deby, c'est de plier ses bagages avant la crue du fleuve chari sinon la traversée de ce cour d'eau sera difficile comme la traversée du pont de liane ou pire encore la traversée de «Al Sirate».

Alhadj Garondé Djarma

Kidnappé par la police politique , l'ANS, alors qu'il est assis devant une pharmacie pour prendre des soins médicaux, El Hadji Djarma est séquestré dans les locaux de cette police politique redoutable. Lorsque je l'ai localisé, j'ai dénoncé cette manière de faire totalement illégale et punissable. C'est ainsi que, pour régulariser la situation, l'ANS le cède à la police judiciaire. Dès lors, il faut légaliser le kidnapping en organisant un pseudo-procès. D'où, la signature par Djividi Boukar Dibeing, secrétaire général adjoint du gouvernement de la plainte du 27mai 2005 pour meubler la galerie. Il faut ressortir les vieilles plaintes de Samory Ngaradoumbé et Michael Didama des victimes expiatoires.

Malade, Idriss Déby était furax contre El Hadji Garondé Djarma parce qu'il croyait que ce dernier était au courant de son départ en France pour ses soins à l'Hôpital américain de Neuilly, raison pour laquelle il présente ses condoléances à son fils, Brahim, alors qu'il s'agit bel et bien d'une dérision voire une satire à propos du referendum dont le oui n'a recueilli que 15% des suffrages des Tchadiens contre 85% de non.

Annexe 3

Lettre ouverte à jean-Pierre Berçot '''''''''''''''''''''??????????????????????????????????????????????????

Annexe 4 et 5

Voici, deux des photos des rebelles tchadiens du Soudan que lMichael Didama a cru bon les publier dans le journal, Le Temps n° 433 du 11 au 17 mai 2005 et n°434 du 18 au 24 mai 2005, photos qui l'ont conduit en prison

Ces forces qui, de l'Est, inquiètent Déby. Des seigneurs de guerre des ex-ANR.

Annexe 6

Ici, la photo des massacres des paisibles citoyens de Ouadi Hamra au Ouaddaï publiée par le journal, www.alwhida.com , est copiée et publiée par Michael Didama dans son journal, Le Temps n° 435 du 25 au 31mai 2005 tout en prenant le soin d'indiquer la source : Alwhida

«Massacre au canton Ouadi Hamra»

«Lors de ce massacre, même les enfants n'ont pas été épargnés (Ph. DR)».

«Selon les nouvelles en provenance de l'est,, les populations de cette contrée du pays notamment celles du canton de Ouadi Hamra sont, depuis quelques jours, la cible des exactions des forces claniques. Les massacres faits sur ces populations qu'on accuse de soutenir ou rallier les groupes rebelles actifs dans la région sont, selon des sources autorisées d'une ampleur importante et rappellent les massacres de Gninguilim que les Ouaddaïens ne sont pas loin d'oublier. En réaction, les ex-éléments de l'Alliance nationale pour la Résistance, sous le commandement aujourd'hui du Capitaine Mahamat Nour, menacent d'intervenir pour protéger les citoyens ainsi massacrés.

Le bilan provisoire du massacre du canton Ouadi Hamra :

1 – L'Imam de Souwar-Wagua Hassane Hissein 12 – Tahir Mahamat Ibrahim

2 – Adam Mahamat Ali 13 – Ali Mahdi

3 – Ali Mahamat Idriss 14 – Abdelrahim Hachim

4 – Ibrahim Mahamat 15 – Abdalrazakh Soumain

5 – Ousmane Ali Abdelrahim 16 – Ibed Rakhiss

6 – Margani Ousman 17 – Hamid (un maçon du village de Amlayouna)

7 – Adam Ousman 18 – Abakar Rhama

8 – Ahmat Ali 19 –Habib Abdallah

9 – Sossal Fadil 20 – Brahim Kharcha

10 – Isamil Fadil 21 – Rifi Mahamat

11 – Hasbat Ali (femme)

En plus de ces personnes tuées ci-dessus et dont les noms ont été identifiés, il y a une vingtaine de personnes portées disparues.

Une dizaine de personnes blessées parmi lesquelles :

1 – Harba Mahamat

2 – Sabour Tor

3 – Ali Brahim

4 – Yacoub Mahadi

5 – Alchen Ibedallah

Trois autres personnes blessées dont les noms sont inconnus. Une des quatre personnes transportées l'hôpital d'Adré est décédée mardi.

Aux dernières nouvelles, plus de mille villageois rassemblés pour poursuivre les assaillants ont été dissuadés par le Sultan du Ouaddaï arrivé mercredi dans l'après midi sur les lieux des atrocités. Le Sultan sait de quoi il parle. Les assaillans ne sont autre que des combattants lourdement armés appartenant au clan du président tchadien Idriss Déby. Le commandant adjoint de la région militaire et le gouverneur Haroun Saleh ont désarmé les villageois accusés de connivence avec la rébellion armée. Au tototal ,sept fusils ont été récupérés. Les assaillants ont emporté avec eux plus de 22 chevaux … et deux jeunes filles rencontrées sur leur passage… ».

Source Alwhida.

. Ce sont ces massacres que l'Ambassadeur, M. Jean-Pierre Berçot, considère comme étant un appel à de la haine raciale

Annexe 7

La procédure judiciaire ayant conduit les journalistes en prison est des plus cavalières comme le démontre l'interpellation du Premier Ministre par Le Député Fédéraliste Ngarlejy Yorongar dont voici le texte:

République du Tchad Unité-Travail-Progrès

Assemblée Nationale

N°029/AN/GPF/2005

Le Député Fédéraliste Ngarlejy YORONGAR,

N'Djaména, le 12 juillet 2005

Monsieur le Premier Ministre,

S/C de Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale

A N'Djaména

Objet  : Interpellation à propos de l'arrestation des journalistes (suite)

Réf. Mes lettres des 17 et 5 juin 2005 en annexes 1 et 2.

L'enlèvement de M. Samory Ngaradoumbé et la séquestration par l'ANS suivis du kidnaping de El Hadj Garondé Djarma devant la Pharmacie Ouara par la même ANS alors qu'il attendait de se faire soigner pace qu'il est malade. El Hadj Garondé Djarma est séquestré par cette police politique redoutable en violation des lois de la République.

Il en est de même de M. Michael Didama , Directeur de Publication du journal, Le Temps, expédié à la maison d'arrêt par le Procureur de la République en violation des lois de la République alors que le Haut conseil de la communication venait de lui dire qu'il n'a commis aucune faute professionnelle en allant sur le site des rebelles et en publiant la photo et la source des massacres de Ouadi Hamra.

Le droit que nous avons appris dans les meilleures universités de renommée internationale ne doit pas être banalisé comme nombre d'entre nous qui vendent leur langue au chat.

Alors que nous croyons que le droit a été dit lorsque la chambre correctionnelle du Tribunal de N'Djaména a invoqué l'article 61 pour balayer d'un revers de main la poursuite, cette chambre est obligée par la hiérarchie pour se déjuger.

En effet, paniqué par la libération des prévenus, le Procureur de la République joue le second rôle en laissant l'avocat de la partie civile jouer le premier rôle par des déclarations fracassantes dans les radios de la place.

1)- Quand l'ANS s'est aperçue que l'enlèvement, le kidnapping et la séquestration sont illégaux et passibles des peines, elle refile les victimes à la police judiciaire pour légaliser ces crimes.

2)- Ayant reçu l'ordre de la Présidence, la chancellerie a donné des instructions au Procureur de la République d'enfermer immédiatement à la maison d'arrêt dès que les prévenus sont conduits au parquet. C'est ce qui a été fait. Bien plus, des instructions sont données à la maison d'arrêt pour qu'ils soient torturés par les prisonniers aux ordres. Effectivement, les prévenus sont conduits à la maison d'arrêt et atrocement torturés par les hommes de main qui ne sont autres que des Zakawa dirigés par un condamné pour crime crapuleux nommé Hissein Borgo , hommes de main qui règnent en maîtres dans l'enceinte de la maison d'arrêt. Les prisonniers sont à la merci de ceux-ci.

3)- Aux termes des dispositions de l'article 61 de la loi n°29/PR/94 du 22 août 1994 relative au régime de la presse qui dispose que:

«La citation précisera et qualifiera le fait incriminé; elle indiquera le texte de la loi applicable à la poursuite. Si la citation est à la requête du plaignant, elle contiendra élection de domicile au siège de la juridiction saisie et sera notifiée tant au prévenu qu'au Ministère public. Toutes ces formalités seront observées à peine de nullité de la poursuite» , la chambre correctionnelle a pris un jugement avant dire droit (JADD) pour annuler toute la poursuite contre les prévenus.

a)- Oui, comme le prouve le jugement avant dire droit, la chambre correctionnelle annule la poursuite et non la procédure comme la chancellerie, le parquet et les avocats des parties civiles tentent de le faire croire.

b)- Les prévenus illégalement en prison, la citation n'est pas nécessaire dans le cas d'espèce. Leur extraction suffirait pour les faire comparaître.

c)- Toutefois, la citation est, quand-même, remise le 23 juin 2005 à 13 heures 02 minutes aux prévenus enfermés à la maison d'arrêt de N'Djaména pour comparaître le 27 juin 2005 à 08 heures précises.

4)- C'est, au regard de la non observation de ces formalités, que la chambre correctionnelle du Tribunal de Première Instance de N'Djaména a annulé la poursuite conformément au dernier alinéa de l'article 61 de la loi n°29/PR/94 du 22 novembre 1994 relative au régime de la presse au Tchad.

5)- La justice a annulé la poursuite et non la procédure pour que l'affaire revienne devant la même chambre correctionnelle du même Tribunal de première Instance de N'Djaména.

6)- On croyait que le droit a été dit, or, une autre citation est donnée aux prévenus le 5 juillet 2005 respectivement à El Hadj Garondé Djarma à 15 heures 21 minutes et à M. Samory Ngaradoumbé à 16 heures 29 minutes pour recomparaître le 11 juillet 2005 à 08 heures précises.

Que s'est-il passé ?

7)- Aussitôt après la libération, le 4 juillet 2005, des prévenus par la chambre correctionnelle du Tribunal de Première Instance de N'Djaména, la chancellerie convoque le Procureur de la République pour l'enjoindre de refaire juger immédiatement, le 11 juillet 2005, lesdits prévenus. C'est ce qui fut fait par les citations du 5 juillet 2005.

8)- Aussitôt dit aussitôt fait, le Procureur de la République enrôle l'affaire pour le 11 juillet 2005 avec comme objectif la condamnation des prévenus à des peines allant de six (6) mois de prison ferme pour M. Samory Ngaradoumbé et à trois (3) ans de prison ferme pour El Hadj Garondé Djarma .

9)- N'étant pas convaincu que le Procureur de la République transmettrait fidèlement ses instructions au Président de la chambre correctionnelle, la chancellerie envoie, coup sur coup, un inspecteur des affaires judiciaires pour dire vertement au Président de la chambre que «le gouvernement exige la condamnation de ces énergumènes…» .

Paniqué, le Président de la chambre correctionnelle accuse un des trois juges composant la chambre en l'occurrence, M. Kadjonka d'être à l'origine du jugement avant dire droit. La chancellerie enjoint ce dernier juge qualifié, au passage, de rebelle :  «D'obéir à la hiérarchie en acceptant la condamnation de ces prévenus ou alors il observe la neutralité. En tout cas, ajoute-telle, le gouvernement exige la condamnation de ces emmerdeurs…» .

Plus de deux fois, la chancellerie envoie un inspecteur aux fins de proférer des menaces ouvertes contre M. Kadjonka .

C'est ainsi que le juge rebelle, M. Kadjonka,  a préféré quitter la chambre correctionnelle pour faire place nette à un juge aux ordres plutôt que de vendre son âme. Une fois sa décision de quitter la chambre notifiée, la chancellerie le somme de revenir sur sa décision afin d'éviter le scandale sinon il risque de sévères sanctions.

Pour préparer l'opinion publique nationale et internationale, le Procureur de la République, négocie et obtient de la Radiodiffusion nationale tchadienne (RNT), une longue interview à l'un des avocats des parties civiles pour expliquer le bien fondé de ce vrai-faux procès. Pourquoi le Procureur de la République n'accorderait-il pas lui-même cette interview ?

10)- Pour mémoire la chambre correctionnelle qui a rendu le jugement avant dire droit, en date du 27 juin 2005, est composée comme suit :

- Président, M. Mahamat Hassane Khayar ;

- Membres, MM. Kadjonka et Adoum Raterloum .

11)- Le 11 juillet 2005, la nouvelle composition de chambre correctionnelle chargée de condamner, les yeux fermés, les prévenus à des peines sur commande de la chancellerie (6 mois de prison ferme pour MM. Samory Ngaroumbé et Michael Didama et 3 ans de prison ferme pour El Hadj Garondé Djarma ) est composée de la manière suivante :

- M. Mahamat Khayar est le Président

- Tandis que les membres sont MM. Adoum Raterloum et Mahamat Guédallah , petit frère d'un autre Guédallah de la Présidence de la République (celui-ci remplace Kadjonka ).

Informé par le régisseur que M. Samory Ngaradoumbé et El Hadj Garondé Djarma auraient dénoncé les sévices qu'ils ont subis par Hissein Borgo , l'homme de main chargé de faire leur peau aurait dit à qui veut bien l'entendre que si ces deux-là reviennent à la maison d'arrêt ils n'en sortiraient pas vivants comme on le lui avait demandé lors de leur séjour à la maison d'arrêt.

Je vous aurais prévenu.

Encore une fois, pourquoi ce harcèlement Monsieur le Premier Ministre ?

Et puis, faut-il vous rappeler les dispositions de l'article 44 citées par l'huissier ne concerne que : «Toute allégation ou imputation d'un fait qui porte atteinte à l'honneur et à la considération de la personne ou le corps auquel le fait est imputé est une diffamation. La publication directe et par voie de reproduction de cette allégation ou de cette imputation est punissable, même si elle est faite sous forme dubitative ou si elle vise une personne ou un corps non expressément nommé, mais dont l'identification est rendue possible par les termes des discours, par les images, les écrits ou imprimés, par les photographies ou les affiches incriminées. Toutes expressions outrageuses, qui ne renferment l'imputation d'aucun fait est une injure. Toutefois, ne constituent pas une infraction au sens du présent article lorsque l'énoncé d'opinion ne fait que rapporter des propos tenus par autrui sur les faits et gestes posés par une personne dans l'exercice d'une fonction publique» .

Dans le cas de El Hadj Garondé Djarma et de M. Michael Didama , aucun corps n'est mis en cause.

S'il y a une personne qui doit se plaindre, c'est M. Idriss Déby en tant qu'individu et non en tant que corps quelconque. Or, c'est le Secrétaire général du gouvernement qui porte plainte alors qu'il n'a pas qualité.

L'article 52-2 cité dans la citation confirme, sans équivoque, la qualité du plaignant.

Pour la sagacité de votre âme de juriste formé à la célèbre Sorbonne, les dispositions de l'article 18 de la loi 29 du 22 novembre 1994 relative au régime de la presse dispose clairement que :

«Sont passibles comme auteurs principaux des peines qui constituent la répression des infractions commises par voie de presse dans l'ordre ci-après :

- le Directeur de la publication ou l'éditeur quelles que soient leur profession ou leur dénomination ;

- à défaut les auteurs ;

- à défaut des auteurs, les imprimeurs ou réalisations ;

- à défaut des imprimeurs, les vendeurs, les distributeurs et les afficheurs» .

Ni le directeur de publication ni l'éditeur ne sont inquiétés dans les deux cas alors que la loi 29 relative à la presse condamne la publication et non l'écrit.

Et l'article 19 de compléter : 

«Lorsque le directeur ou le co-directeur de publication seront en cause, les auteurs seront poursuivis comme complices. Les imprimeurs ne seront poursuivis pour fait d'impression que s'il est prouvé qu'ils ont agi sciemment, ou à défaut de co-directeur de publication, les personnes dont la complicité viendrait à être établie» .

Sans commentaires.

Dès lors pourquoi avoir poursuivi M. Samory Ngaradoumbé qui n'est ni le Directeur de Publication, ni l'auteur, ni l'imprimeur, ni le distributeur, mais, le coordinateur du journal, L'Observateur ?

Pourquoi s'acharner sur El Hadji Garondé Djarma alors qu'il n'est que complice ? Pourquoi ignorer l'auteur principal qu'est la Directrice de Publication en s'en prenant plutôt à ses collaborateurs?

Pourquoi s'en prendre à M. Michael Didama alors qu'il a fait son travail de journaliste d'investigation en envoyant un journaliste vérifier sur le terrain les accusations graves que votre Gouvernement a porté contre le gouvernement soudanais d'avoir créé, entraîné et équipé trois mille (3.000) hommes prêts à déstabiliser votre régime. Pourquoi s'en prendre à lui quand il confirme vos accusations contre le gouvernement en publiant des photos de ces rebelles ? Pourquoi s'en prendre à lui pour avoir publié une des photos des massacres de Ouadi Hamra et la source de cette photo ?

Comme le dit le Haut Conseil à la Communication, le Directeur de Publication du journal, Le Temps, M. Michael Didama ne commet ni faute professionnelle ni infraction prévue et punie par la loi 29.

Respectez, Monsieur le Premier Ministre, les lois que vous édictez vous-mêmes s'il vous plaît.

Tchad : deux journalistes emprisonnés pour des articles critiquant le président New York, le 18 juillet 2005 -
Deux journalistes ont été condamnés, respectivement à trois ans et à trois mois de prison, suite à des articles critiquant le président Idriss Déby parus dans l'hebdomadaire privé L'Observateur, selon des sources locales.

Le Comité pour la protection des journalistes condamne cette décision, et demande aux autorités la libération immediate des deux journalistes. Le rédacteur en chef du journal, Ngaradoumbé Samory et le journaliste indépendant Garondé Djarma ont été écroués dans la capitale, N'Djamena, après l'énoncé du verdict, selon les mêmes sources. Samory a été condamné à trois mois de prison et une amende de 100.000 FCFA (environ 176 dollars US), alors que Djarma a été condamné à trois ans de prison et une amende d'un million de FCFA (environ 1.764 dollars US). Ils avaient été tous deux accusés de diffamation envers le président et "d'incitation à la haine", bien que les accusations se fondent sur des articles différents. Selon des sources sur place, Samory a été inculpé suite à la publication d'une lettre ouverte au président Déby, écrit sous un pseudonyme, au nom d'un groupe ethnique minoritaire, les Kreda, dont certains membres avaient été détenus par le gouvernement et accusés de préparer une rebellion. La lettre a critiqué le traitement des Kreda par le gouvernement.

Les autorités ont mis Samory sous pression afin qu'il révèle l'identité de l'auteur de la lettre, ce qu'il a refusé de faire, selon des sources locales. Djarma était inculpé suite à un éditorial paru dans L'Observateur du 15 juin, dans lequel il critiquait Déby ainsi qu'une réforme constitutionnelle controversée qui permettait au président de briguer un troisième mandat, selon des sources sur place. Le gouvernement a annoncé le 22 juin que les électeurs avaient approuvé cette modification, lors d'un référendum organisé le 6 juin mais contesté par l'opposition et des organisations de la société cvile. "Le CPJ est profondément choqué par les peines de prison sévères infligées à ces journalistes pour avoir exercé leur métier en promouvant un débat sur des questions d'intérêt public", a déclaré Ann Cooper, Directrice exécutive du CPJ. "Garondé Djarma et Ngaradoumbé Samory doivent être libérés, immédiatement et sans condition".

Un autre procès contre un troisième journaliste, Michaël Didama, se poursuit. Arrêté le 22 juin, Didama est inculpé de diffamation et incitation à la violence, à la haine et à la rébellion. Didama, qui est le directeur de publication de l'hebdomadaire privé Le Temps, a obtenu une liberté provisoire le 11 juillet. Sa prochaine comparution est prévue début août, selon des sources locales. Les charges retenues contre Didama ont pour origine des reportages publiés en mai dans son journal et portant sur des supposés groupes rebelles dans l'est du Tchad, et sur des massacres qui auraient eu lieu dans cette region. Pour plus d'information sur le cas Didama, voir la lettre du CPJ au président Déby daté du 7 juillet :

06-07-05 République du TCHAD

M.N.R.T CONCORDE – EQUITE - PROGRES

MOUVEMENT NATIONAL DES RENOVATEURS TCHADIENS

S.G : 06/MNRT/05

Excellences, Messieurs les Présidents G. W Bush & Wladimir Poutine
Excellence, Monsieur le chancelier Gerhard Schröder
Excellences Messieurs les Premiers Ministres Tony Blair ;
Junichiro Koizumi  & Paul Martin.
Excellence Monsieur le Président du Conseil : Silvio Berlusconi.

Votre sagesse.

A l'approche de votre importante rencontre du 06 au 08 Juillet à Gleneagles (Ecosse) le Peuple Tchadien épris de paix, assoiffé de justice et de liberté en particulier ainsi que les Peuples Africains en général fondent un immense espoir vis-à-vis des propositions concrètes que vous serez appelés à mettre en œuvre pour aider notre Continent à combattre efficacement les maux du sous développement.

L'effacement total de la dette et le dédoublement de l'aide, réclamés des vives voix par les uns comme les autres ne saurait en aucune manière être la panacée contre la pauvreté criarde dans nos pays ; bien plus ils s'apparentent à un véritable encouragement aux potentats de tout acabit en vue de se maintenir au pouvoir aussi longtemps que possible par la fraude et la terreur au détriment de la liberté, du progrès social et de la prospérité.

Comme vous la saviez, les poches du sous-développement patent se trouvent en Afrique dite francophone et pose de surcroît un réel problème moral politique et économique pour l'équilibre de notre Continent.

Le président français Jacques Chirac au vu des pratiques véritablement contraires aux valeurs démocratiques de sa politique dite africaine, ne peut se prévaloir d'être l'avocat approprié.

L'éthique lui dicte à s'abstenir de prêcher dans le désert :

… Qu'il faut augmenter l'aide au développement, taxer les billets d'avions afin de dégager des fonds en vue d'enrayer la pauvreté…

La France avec ses bases militaires implantées de force en Afrique ; en contradiction fondamentale du principe intangible de souveraineté continue à soutenir des dictateurs irresponsables, sanguinaires, dévoyés et corrompus qui jour après jour entraînent leurs états de manière indéniable vers le déclin et la quasi- banqueroute.

Toute aide de quelque nature que ce soit de votre part ne peut qu'être qu'un non sens.

Nous implorons votre intelligence au nom des valeurs démocratiques à agir.

Le Mouvement National des Rénovateurs Tchadiens plaide auprès de votre Excellence, pour une aide conditionnée et axée particulièrement sur :

- L es besoins humains fondamentaux, la santé et l'éducation.

- La consolidation de la paix, les droits de la personne, la bonne gouvernance et la démocratisation véritable.

- Le développement du secteur privé et la réforme économique.

Avec nos vives souhaits de réussite.

Très haute et respectueuse considération.

 

Pour le M.N.R.T

Le Secrétaire Général Ali Muhammad Diallo

 

03-07-05 Communiqué commun :

Réunis à Paris le samedi 02 juillet 2005, le S ecrétariat de S uivi et de la C oordination de la C onférence de l' O pposition ( SSCO ), la C oalition pour la S auvegarde de la D émocratie et des L ibertés ( COSADEML ), la C oalition pour la D éfense de la D émocratie et des D roits C onstitutionnels ( CDDC ) portent - après avoir évalué ensemble la situation nationale – à l'intention de l'opinion nationale et internationale ce qui suit :

  • la rupture est désormais consommée entre le pouvoir clanique du Président Deby d'une part et d'autre part les différentes couches sociales et les diverses forces politiques tchadiennes ainsi que la société civile ;
  • cette rupture est l'aboutissement d'une accumulation de quinze années de mépris des lois par le pouvoir, du non respect de l'intégrité et de la dignité des tchadiens mais aussi la preuve du mensonge comme unique argument pour tromper l'opinion extérieure ;
  • une opinion extérieure qui semble passive ou complice alors que la répression frappe à l'intérieur de notre pays la presse, les leaders politiques et les opposants à l'extérieur.

Ce constat se vérifie entre autres par :

  • la séquestration du Rédacteur en Chef de l'Hebdomadaire indépendant L'Observateur Samoringar et de son collaborateur Garondé Djarma , du reporter Micheal Didama du journal Le Temps ainsi que les pressions et les menaces récurrentes sur Madame Koumbo Sy directrice de publication du journal L'Observateur, pour livrer ses sources d'informations ;
  • l'interdiction de sortie du territoire national de Monsieur Jean Alingué Bawoyeu (chef du parti UDR, ancien Premier Ministre et ancien Président de l'Assemblée Nationale) par la confiscation de son passeport alors qu'il se rendait à la conférence de l'opposition à Paris ;
  • l'agression commanditée en pleine nuit à Washington de l'ancien Ambassadeur Ahmat Soubiane par le Président Deby.

Devant la déliquescence du pouvoir consécutive au boycott populaire massif du référendum du 06 juin 2005, celui-ci montre ainsi sa vraie nature antinationale et son véritable objectif de pérenniser sa dictature clanique. Les tchadiens continuent d'enregistrer chaque jour qui passe une recrudescence des arrestations extrajudiciaires, des viols de mineures, des enlèvements suivis de séquestrations dans les rangs des différentes communautés tchadiennes.

La tenue de la présente rencontre vise aussi à affirmer la détermination de toutes les des forces vives tchadiennes à unir leurs efforts pour répondre aux exigences de lutte pour le respect des droits, des libertés, de l'intégrité et de la dignité des tchadiens et le changement par l'alternance pacifique au Tchad.

Pour ce faire, les signataires du présent communiqué commun lancent un appel :

  • à la mobilisation générale des filles et des fils du Tchad sans distinction d'ethnies pour s'engager sans réserve dans la dynamique du changement ;
  • à tous les démocrates africains et du monde pour qu'ils apportent leur soutien au combat légitime du peuple tchadien contre le pouvoir oppressif du Président Deby ;
  • à la communauté internationale d'aider les forces du changement à préparer l'alternance condition sine quoi non pour une stabilité politique et un développement durable au Tchad.

Fait à Paris le 02 juillet 2005

Pour la COSADEML.P.o Mme Sy Koumbo Singa Gali,
Pour le SSCO Mr Djibrine Albert ,
Pour la CDDC P.o Mr. Habib H. Iguemir

 

 

01-06-05 Atteinte à la dignité des journalistes
Gourbal Djiddi Nokour

A la suite de la vive émotion déclenchée par l'arrestation des journalistes Samory Ngaradoumbé et Garondé Djarma de l'hebdomadaire L'Observateur, et Michael Didama, de l'hebdomadaire Le Temps, je voudrais joindre ma voix à toutes celles qui, jusqu'ici, se sont élevées à travers le monde pour dénoncer cette grave atteinte à un droit fondamental garanti par la Constitution tchadienne. L'article 27 en effet dispose que " Les libertés d'opinion et d'expression, de communication, de conscience, de religion, de presse, d'association, de réunion, de circulation, de manifestations et de cortèges sont garanties à tous ". Même si l'alinéa 2, qui peut donner lieu à tous les abus précise qu' " Elles ne peuvent être limitées que par le respect des libertés et des droits d'autrui et par l'impératif de sauvegarder l'ordre public et les bonnes mœurs. La loi détermine les conditions de leur exercice ", rien ne justifie l'embastillement de nos compatriotes. D'ailleurs il y a lieu de se demander comment un système qui, par sa gestion de l'Etat contribue à semer la haine et la division peut aussi légèrement accuser et inculper des personnes qui s'acquittent de leur devoir d'informer leurs concitoyens sur les errements du pouvoir, de proférer des " propos mensongers " et d' " incitation à la haine " d' "atteinte à la dignité du chef de l'Etat " ou encore d' "d'intelligence avec l'ennemi ". Assurément, le régime de M. Déby cherche les moyens les plus ridicules pour bâillonner une presse dont le crime est d'informer les populations tchadiennes sur les dérives inacceptables d'un pouvoir qui brille par son incapacité de résoudre les problèmes de survie quotidienne du Peuple Tchadien. J'invite tous les Tchadiens à se mobiliser contre ces violations des droits des Tchadiens à bénéficier d'une information crédible car il s'agit ici d'une tentative qui, si elle réussissait, sonnerait le glas de la liberté de la presse dans notre Pays. J'en appelle à tous ceux qui ont une influence quelconque de l'exercer afin d'obtenir la libération de Samory Ngaradoumbé, Garondé Djarma et Michael Didama. Fait à Toronto, le 29 juin 2005. Dite d'une personnalité indépendante

Gourbal Djiddi Nokour gourbal@hotmail.com


25-06-05 COMMUNIQUÉ N°009: du UFC

Référendum constitutionnel au Tchad : Le pouvoir du général Déby ridiculisé : même la fraude n'a pas marché

Il n'aura pas échappé aux observateurs les plus complaisants que les élections au Tchad, sont toujours précédées d'un climat de tension, caractérisé par les arrestations de militants des droits de l'homme, de journalistes et d'opposants ( parfois pour des raisons « de droit commun »), les massacres de villageois, les affrontements interethniques, les « vraies-fausses » mutineries et les ralliements de pseudo-opposants, spécialistes des retournements de veste répétitifs

Il s'agit en fait d'une mécanique bien rôdée dans le but de terroriser la population, anihiler la petite liberté de mouvement de l'opposition et la société civile, justifier l'intrusion des responsables adminsitratifs et militaires dans le processus électoral, afin d'avoir les mains libres pour triturer à volonté les résultats.

La nouveauté, pour ce qui est de la récente opération de police abusivement appelée « référendum constitutionnel », c' est qu'il n'y a pas eu de falsification de résultat en ce sens qu'il n'y a pas eu de résultat du tout.

La participation n'a pas dépassé les quelques centaines à N'Damena et quelques dizaines dans les principales villes. Dans la plupart des zones urales, les bureaux de votes n'ont même pas été installés.

Cette évolution nouvelle montre que le raz-le-bol de la population a atteint un dégré jamais égalé dans l'histoire du Tchad et doit amener l'ensemble de la classe politique tchadienne, y compris les collaborateurs du régime, à faire un sérieux examen de conscience, et avancer des solutions courageuses pour sortir le Tchad et les Tchadiens de ce calvaire inacceptable.

Les mouvements composant l'UFC réitèrent leur appel aux pays et organismes partenaires du Tchad, à se départir de leur complaisance mortifère vis-à-vis du pouvoir miltaro-clanique du général Déby et réaffirment leur détermination à lutter par tous les moyens pour la réappropriation par le peuple tchadien de ses droits légitimes

Fait le 23 juin 2005

Pour L'Union des Forces pour le Changement (UFC)

Le Coordinateur National provisoire

 

ACHEIKH IBN-OUMAR


20-06-05 Baccalauréat : exode vers les cieux tchadiens
Des Camerounais sont de plus en plus nombreux à aller passer le diplôme chez les voisins du Nord. Ils échappent ainsi aux tares d'un système discrédité aux yeux de nombreux observateurs.

De notre correspondant à Yaoundé

Les chiffres laissent les observateurs songeurs. Pour la session 2005, la baccalauréat tchadien a attiré quelques 7 000 Camerounais. Un record qui signe, un intérêt de plus en plus grandissant que les Camerounais manifestent pour ce diplôme.

Ces statistiques sont d'autant plus parlantes qu'on estime entre 40 000 et 50 000, le nombre de candidats inscrits au baccalauréat camerounais. On est loin des années de gloire et de rayonnement d'un système éducatif qui faisait figure de référence au point d'attirer les citoyens d'autres pays de la sous-région d'Afrique centrale. De l'avis de beaucoup, le Cameroun continue de payer, à travers cet exode vers les cieux jugés plus cléments, le prix du discrédit de son système. « Il y a quinze ans, ce sont plutôt les candidats d'autres pays qui venaient chez nous. Depuis, des fraudes à répétition ont, au fil des ans, achevé de jeter un lourd discrédit sur nos diplômes. Cette ruée des candidats camerounais vers les diplômes des pays voisins, traduit une défiance vis-à-vis du système local  », explique Jean Kamdem, du Syndicat national autonome de l'enseignement secondaire ( Snaes), qui ajoute :  « Ces fraudes ont pénalisé des Camerounais titulaires du baccalauréat qui n'étaient pas admis dans certaines universités en Europe, voire dans d'autres pays africains. Or, parallèlement, on s'apercevait bien que le baccalauréat tchadien était plutôt bien côté, même si les conditions de son déroulement ne garantissent pas toujours le risque zéro s'agissant des fraudes  ».

 Une explication parmi d'autres, de cette ruée vers le Tchad. En cause, le système encore. Qui a affiché des taux d'échecs aux examens officiels depuis des années. Illustration : en 2004, le pays a enregistré des taux de réussite de 18%, 35%, 38%, respectivement au brevet du premier cycle, au «  certificat de probation  » et au baccalauréat, respectivement, selon des sources concordantes. Dans ce contexte, conviennent les observateurs, il n'est pas étonnant que les camerounais se dirigent massivement le pays voisin. Selon des analyses convergentes des représentants de syndicats, ces échecs sont le résultat d'un environnement global caractérisé par le mal-vire des enseignants qui se plaignent depuis des années des mauvaises conditions de travail, et de rémunération, comparés, à niveau similaire, aux agents des forces de l'ordre. «  Réduits à la simple survie, ils n'ont de choix que de bricoler pour joindre les deux bouts  », explique Jean Kamdem.

Le « cimetière des intelligences »

Il y a plus. Beaucoup mettent en avant une spécificité camerounaise : l'existence du « certificat de probation », diplôme qui sanctionne le succès en classe de première, condition sine qua non de l'admission en classe terminale. Dans l'imagerie populaire, cet examen est parfois considéré comme un « cimetière des intelligences ». Une expression qui montre bien que le diplôme est perçu comme un écueil le long du cursus, qui peut, au gré des infortunes, retarder, parfois durablement la progression des candidats. Les « états généraux de l'éducation » tenus en 1995, avaient pourtant recommandé la suppression du « certificat de probation », et l'institution du brevet de seconde.

Or, le Tchad ne connaît pas de contraintes de ce type. Du coup, des établissements scolaires ont vu le jour à Douala et Yaoundé, qui accueillent pour les préparer au baccalauréat, des candidats, recalés au « certificat de probation », ou plus simplement peu portés à l'affronter à leurs risques et périls. Ces établissements ont à cet effet créé des «  terminales spéciales  », et certains sont réputés combiner les frais de scolarité, les coûts des dossiers d'inscription au baccalauréat, voire de succès, au baccalauréat tchadien, en opérant, comme des particuliers de plus en plus attirés par dans la « filière », par des « réseaux ».

On parle des coûts qui varient entre 300 000 Fcfa et 700 000 FCFA. « Signe que les Camerounais, les autorités gouvernementales qui laissent faire en tête, ont parié sur la facilité », s'emporte Jean-Marc Bikoko, de la Centrale syndicale du service public (CSP), qui aligne parmi ses membres, le syndicat national autonome de l'enseignement et de la formation (Snaef). Et de renchérir : « Le gouvernement aurait bien pu éviter cet exode des Camerounais en n'autorisant pas l'ouverture des établissements qui préparent dans les conditions qu'on sait, au baccalauréat tchadien ; en ne reconnaissant pas pour les nationaux, ce diplôme. Mais on se demande si finalement ce système ne bénéficie pas d'abord aux familles des gouvernant s ». Vaste débat !

Valentin Zinga
Article publié le 20/06/2005

 


 


 

 

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