Des milliers de familles sont en train de fuir leurs maisons en raison d'une montée de violence dans l'Est du Tchad. La situation qui nécessite une aide humanitaire d'urgence pourrait être compromise par la détérioration des conditions de sécurité, prévient Oxfam International.
Plus de dix villages du Sud, frontaliers avec la région troublée
soudanaise du Darfour, ont été attaqués ces derniers jours, entraînant une fuite d'hommes, de femmes et d'enfants.
Des familles apeurées ont déclaré que des hommes à cheval et bien armés prenaient d'assaut les villages, volaient leurs biens et brûlaient leurs récoltes. Il y a eu des douzaines de blessés, des douzaines de morts, dont la plupart sont dus à des tirs de balles.
« Les choses sont très, très alarmantes et ne semblent qu'aller de mal en pis. Les populations souffrent, elles boivent de l'eau sale et n'ont rien à manger », a déclaré Roland Van Hauwermeiren, le chef des opérations humanitaire d'Oxfam dans l'Est du Tchad, après un déplacement jeudi dans quelque uns des villages incendiés et à la suite de conversations avec quelques personnes qui affluent de manière ininterrompue dans la ville de Koukou, dans le Sud Est du Tchad.
« Nous voyons essentiellement des femmes et des enfants qui nous disent qu'il y a encore des gens qui se cachent dans la brousse et qui attendent jusqu'à ce qu'elles puissent venir ».
En raison de la dégradation de la situation au Darfour mais aussi à cause des luttes internes, cette série d'attaques est le dernier incident en date qui marque le déclin de la sécurité dans l'Est du Tchad.
Des groupes de déplacés ont convergé vers la seule zone sécuritaire de la région : le camp de réfugiés où les agences humanitaires fournissent une aide alimentaire, de l'eau et des soins médicaux à plus de 218 000 réfugiés soudanais ainsi que de l'eau aux communautés environnantes.
Avec l'augmentation du nombre de réfugiés, la pression sur l'eau, la nourriture et les médicaments, devient de plus en plus importante.
« Alors que le mois dernier Habile abritait 800 nouvelles familles, il y en avait 4000 de plus vendredi matin », a dit Van Hauwermeiren, qui a vu une femme accoucher en urgence sur un recoin insalubre pendant sa visite à Habile jeudi.
« Les familles vivent sans eau, sans conditions sanitaires décentes et dans un besoin vital d'assistance médicale » a dit Van Hauwermeiren.
Plusieurs agences humanitaires s'apprêtent à intervenir, parmi les quelles Oxfam qui a commencé à installer des pompes mobiles.
Des robinets, des pompes et des tuyaux, seront mis en place en urgence dans les jours à venir et des mesures sont prises pour installer un réservoir d'urgence qui peut contenir 95 mètres cubes d'eau, soit deux jours d'approvisionnement pour 5000 personnes.
Le personnel humanitaire, sur la route de Goz Bédia, indique que des centaines de personnes sont en train de se déplacer à pied, transportant seulement le strict nécessaire qu'ils ont pu sauver de leurs villages pillés et brûlés.
« Beaucoup de gens sont en train de se déplacer et ne savent absolument pas où aller » a déclaré Van Hauwermeiren. «Ce dont ils sont certain, c'est qu'ils ne vont pas retourner chez eux en raison de l'insécurité qui y règne ».
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Oxfam en appelle aux autorités tchadiennes afin qu'elles réagissent rapidement pour rétablir une situation qui menace de devenir dangereusement incontrôlable et qui provoquerait une souffrance inutile de la population civile.
« Il est essentiel que le personnel humanitaire puisse atteindre les populations déplacées dans les zones à proximité du camp de réfugiés de Goz Amir dans l'Est du Tchad, » a dit Van Hauwermeiren.
« Notre plus gros souci actuellement est la sécurité, or d'après ce que nous avons entendu des populations, elle est de pire en pire. Si nous commençons à bouger de l'équipement et des vivres, nous sommes menacés et coincés au milieu de la route, nous ne serons alors pas en mesure d'aider les personnes qui souffrent ».
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